Après vous avoir présenté une synthèse du développement de la Politique Publique d’Intelligence Economique (PPIE) en France, je vous propose un article qui abordera le développement de l’IE au sein des entreprises de l’hexagone.
Cet article est une synthèse de passages non-confidentiels de mon mémoire de fin d’étude. Certains points méritent donc probablement un approfondissement et des discussions. Ainsi, n’hésitez pas à commenter ou à poser vos questions à la fin de l’article dans la partie réservée à cet effet. Les autres articles issus de mon mémoire sont accessibles ici.
Les rapports Martre et Carayon, puis l’activité de promotion et de sensibilisation de l’IE par les différents acteurs et l’Etat ont impulsé le développement de l’IE en entreprise. Les premières discussions autour de la nécessité de promouvoir les métiers liés à l’IE, d’encadrer les activités, et de représenter les professionnels apparaissent très rapidement au milieu des années 2000 (Portail de l’IE). Après plusieurs années de débats et de tentatives pour fédérer les métiers (via la FéPIE), la création d’un syndicat à l’IE finira par aboutir en 2010 (SYNFIE) et dénote d’une pratique de plus en plus courante en entreprise. De plus, une étude de Veille Magazine[1], sur « le marché du conseil privé en management de l’information stratégique » montre que ce marché est en pleine effervescence au milieu des années 2000, estimant à 125 millions d’euros son chiffre d’affaires[2]. Ces différents éléments concrétisent un besoin en information exprimé par les entreprises.
Notons cependant que la recherche tend à relativiser la percée de la démarche IE en entreprise, notamment en Petite et Moyenne Entreprise[3]. S’il pourrait être pertinent de se questionner sur les facteurs de cette remise en cause (pur rejet, autre dénomination de la démarche, faiblesse de ressources, etc.), cette problématique ne sera pas ici traitée, mais elle demeure fondamentale afin de mesurer les effets de la PPIE et des travaux entrepris depuis de nombreuses années.
Le contexte d’analyse recouvre alors deux réalités :
- la volonté du gouvernement français d’accompagner les entreprises dans leur démarche d’intelligence économique ;
- l’intérêt croissant de cette pratique en entreprise, quel que soit leur taille.
L’intelligence économique, élément de maitrise et de protection de l’information stratégique, s’avère alors utile pour tous les décideurs, qu’ils soient publics, privés ou associatifs. Par la mise en place d’une démarche d’intelligence économique, l’entreprise vise à accroitre son influence, s’ouvre l’accès à de nouveaux marchés parfois très concurrentiels et assure sa sécurité économique dans une économie souvent agressive. Elle doit nécessairement s’adapter à l’organisation qui la met en place, pour représenter un atout déterminant et offrir un éventail d’opportunités de développement. En somme, elle est un outil d’aide à la décision.
Enfin, si la PPIE illustre la place grandissante qu’occupe l’IE dans le monde économique, elle ne saurait se réduire à une simple affaire d’état, la réflexion ne portant pas que sur la dimension politique ou macro-économique du concept. Notons que dans la littérature anglo-saxonne, la « Competitive Intelligence », l’équivalence conceptuelle du terme IE, relève principalement du champ de la recherche disciplinaire en management. C’est pourquoi le prisme de nos travaux (ndlr : mon mémoire de fin d’étude) ne se limitera qu’à un seul acteur économique, et tentera de renvoyer modestement une analyse à la croisée des chemins du management, de l’économie et des sciences de l’information. Nous rejoignons l’idée que l’IE est d’une certaine façon « un mode de management stratégique de l’information », puisque ces trois fonctions (veille/renseignement, protection et influence) s’intègrent dans un système de « gestion des flux d’informations entre l’entreprise et son environnement » (Larivet, 2006, p. 4), l’enjeu devenant d’augmenter son asymétrie informationnelle, pour lui conférer une « source d’avantage concurrentiel [4] » (Larivet, 2006, p. 5).
[1] L’enquête complète n’a pas pu être consultée, mais une analyse de celle-ci est accessible en ligne sur le Journal du Net (février 2004)
[4]Les ressources et compétences internes des entreprises qui permettent la différenciation et/ou la domination par les coûts étant notamment des stratégies visant à obtenir un avantage concurrentiel (Porter, 1986).
SOURCES :
- L’intelligence économique décolle doucement en France. In : Le journal du net [en ligne]. 27 février 2004. [Consulté le 12 mai 2013]. Disponible à l’adresse : http://www.journaldunet.com/management/0402/040227_veille.shtml.
- LARIVET, Sophie, 2006. L’intelligence économique: étude de cas d’une pratique managériale accessible aux PME. In : actes du 8ème CIFEPME. 2006. p. 24–27.
- MOINET, Nicolas, 2013. La faible percée du discours sur l’intelligence économique dans les TPE françaises. In : [en ligne]. 20 mars 2013. [Consulté le 21 mars 2013]. Disponible à l’adresse : http://blogs.univ-poitiers.fr/n-moinet/2013/03/20/la-faible-percee-du-discours-sur-lintelligence-economique-dans-les-tpe-francaises/.
- PORTAIL DE L’IE. Fédération des Professionnels de l’Intelligence Economique (FéPIE). In : Portail [en ligne]. [Consulté le 19 juin 2013]. Disponible à l’adresse : http://www.portail-ie.fr/associations/read/31.
- PORTER, Michael E, 1986. L’avantage concurrentiel. Paris : InterEditions.
- SYNFIE – Qui sommes-nous ? In : Site internet du Syndicat Français de l’Intelligence Economique (SYNFIE) [en ligne]. [Consulté le 19 juin 2013]. Disponible à l’adresse : http://www.synfie.fr/synfie/qui-sommes-nous.