Notes de lâĂ©pisode 23 du pOD : pour ce vingt-troisiĂšme Ă©pisode, nous Ă©changeons ensemble sur la question du droit Ă la dĂ©connexion sur les rĂ©seaux sociaux. Retrouvez ci-dessous les principaux Ă©lĂ©ments abordĂ©s durant cet Ă©pisode (pour rappel, ce sont des notes đ), ainsi que diffĂ©rents liens et ressources utiles pour approfondir votre rĂ©flexion.
Sommaire
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Avant-propos
Pourquoi est-ce quâon aborde ce sujet ? LâidĂ©e de ce sujet nous vient dâĂ©changes au sein de l’agence que lâon a eu suite Ă un post Linkedin de Bryan. Le sujet : lâidĂ©e reçue que les Social Media Manager et les Community Manager ne dĂ©connectent jamais. En effet, de nombreux CM disent ne jamais couper. Dâautres pensent quâil nây a aucun souci Ă couper, et que ceux qui nây arrivent pas ne mettent juste pas de bonne volontĂ©.
Ce sujet a mĂȘme empirĂ© avec le tĂ©lĂ©travail, car la frontiĂšre vie pro – vie perso est devenue de plus en plus poreuse. Pourtant, « couper » câest lâassurance dâĂȘtre serein, Ă©panoui et crĂ©atif au travail.Â
Dit comme cela, ça parait simple. Le problĂšme, c’est que pour certains mĂ©tiers c’est plus difficile. Sur ce point, les Community Managers et les Social Media Manager ne sont pas en reste.
Heureusement, des solutions existent. Notre invitĂ© Alexandre CherrĂ©, Social Media Manager de la Ville de Nantes et de Nantes MĂ©tropole nous partage son retour dâexpĂ©rience sur le sujet.
Alors comment fait-on pour arriver Ă dĂ©connecter ? Comment peut-on s’organiser ? Câest ce que nous allons voir dans ce nouvel Ă©pisode de podcast.
Les intervenants sur cet Ă©pisode de podcast sont donc :
- Gwen, chef de projet social media Ouest Digital
- Bryan, co-fondateur Ouest Digital
- Alexandre, invité
Axe 1 – Le droit Ă la dĂ©connexion : les fondamentaux
Le droit Ă la dĂ©connexion est directement inscrit dans la fameuse Loi Travail de 2016, en vigueur depuis le 1er janvier 2017 :Â
« En dehors de ses heures de travail, tout salariĂ© n’est pas tenu d’ĂȘtre en permanence joignable par son employeur pour des motifs liĂ©s Ă l’exĂ©cution de son travail. Dans le cadre du tĂ©lĂ©travail, mis en place de façon exceptionnelle ou non, le droit Ă la dĂ©connexion s’applique Ă©galement ».
đ Source : Service Public, site officiel de lâadministration française
Mais dans les faits, le droit Ă la dĂ©connexion nâest souvent quâune dĂ©claration de bonnes intentions :
- plus des 2/3 des cadres français utiliseraient leurs outils numériques professionnels le soir et le week-end (source : sondage Opinion way pour le cabinet Eléas, 2018)
- 67 % des Français nâarrivent pas Ă dĂ©crocher de leur travail pendant leurs vacances (source : Qapa, 2019)
Mais pourquoi alors que c’est inscrit dans la Loi ? Parce que les entreprises sont censĂ©es organiser la dĂ©connexion, mais elles ne peuvent pas ĂȘtre sanctionnĂ©es.Â
D’ailleurs, tout cela a mĂȘme empirĂ© avec le tĂ©lĂ©travail.Â
Axe 2 – Organiser sa dĂ©connexion des rĂ©seaux sociaux
« La notion dâĂ©quipe est importante. On compte beaucoup les uns sur les autres pour pouvoir couper. » – Alexandre
Câest dâabord la mise en place dâune Ă©quipe qui favorise la dĂ©connexion. L’organisation interne va ainsi permettre Ă tout le monde de pouvoir souffler et couper.Â
Et peu importe la taille de votre structure, vous devez pouvoir compter sur votre Ă©quipe pour vous Ă©pauler.Â
Quand on parle dâĂ©quipe, on parle de toutes les personnes qui vous entourent au quotidien. Cette notion dâĂ©quipe ne doit pas sâarrĂȘter aux personnes qui font le mĂȘme mĂ©tier que vous.Â
En effet, peut-ĂȘtre que vous ĂȘtes seul·e dans votre entreprise Ă faire le mĂ©tier que vous faites. Câest pourquoi, tentez de crĂ©er une organisation oĂč vous impliquez le reste de lâĂ©quipe, mĂȘme sâils ne sont pas spĂ©cialistes des rĂ©seaux sociaux.
« Pour les week-end, on a un systĂšme d’astreinte avec des Community Managers et des journalistes qui se succĂšdent pour pouvoir communiquer en cas de crise. » – Alexandre
Ce systĂšme permet Ă toute l’Ă©quipe de pouvoir souffler et couper. De mĂȘme, quâil permet Ă la hiĂ©rarchie de pouvoir compter sur quelqu’un en cas de crise et/ou dâurgence.Â
Bien Ă©videmment, pour que cela fonctionne il est nĂ©cessaire que les personnes soient formĂ©es et Ă l’aise, pour pouvoir prendre la main et agir en autonomie si besoin.Â
« Lâastreinte est dĂ©clenchĂ©e en cas de crise ou de communication urgente. » – Alexandre
Mais attention : le systĂšme dâastreinte doit ĂȘtre cadrĂ© et rĂ©munĂ©rĂ©. Il doit servir uniquement en cas de crise ou d’urgence. Ce cas de figure doit rester de lâordre de lâexceptionnel.Â
« Cela peut vite dĂ©border et on peut rapidement avoir envie de rattraper notre retard ou dâanticiper le travail de la semaine Ă venir. Câest pourquoi, un cadre a Ă©tĂ© mis en place. » – Alexandre
Il est donc important de fixer des limites.Â
Par exemple : Faire la modĂ©ration des commentaires uniquement sur les heures de travail.Â
« Une fois de plus, le travail dâĂ©quipe fait tout. En cas de crise, n’importe qui peut prendre la chose en main grĂące Ă notre organisation, nos process, nos formations etc. » – Alexandre
Lâunion fait la force. Et tout est une question dâorganisation.Â
Il est prĂ©fĂ©rable dâavoir un processus mis en place, une marche Ă suivre, qui servira de ligne de conduite Ă la personne qui devra gĂ©rer la crise. Cela permet dâĂȘtre plus efficace et de rassurer la personne.Â
Nâoublions pas que les personnes qui interviennent en cas d’astreinte ne sont pas forcĂ©ment des CM, ce sont juste des personnes formĂ©es. Il faut donc les accompagner.
Une fois le processus mis en place, vous pouvez vous aider dâoutils comme :Â
- Agorapulse pour programmer ses publications Ă lâavance, publier et optimiser le processus de modĂ©ration ;Â
- Asana pour s’organiser et attribuer des tĂąches Ă dâautres personnes.Â
« Pour faire patienter les internautes, on a mis en place un systĂšme de rĂ©ponse automatique pour leur signaler quand ils auront une rĂ©ponse. » – Alexandre
De plus, lâinternaute comprend de mieux en mieux que les CM coupent le soir ou le week-end. Le mĂ©tier se dĂ©mocratise.Â
Il est de plus en plus facile de faire comprendre aux internautes que cela fonctionne comme pour un magasin : on respecte les horaires dâouvertures. Sur les rĂ©seaux sociaux, câest pareil đÂ
« La position de la hiĂ©rarchie est Ă©galement trĂšs importante. » – Alexandre
La hiĂ©rarchie joue un rĂŽle important Ă©galement dans la dĂ©connexion des collaborateurs.Â
En effet, si vos managers poussent dans ce sens, les Ă©quipes prendront lâhabitude de dĂ©connecter aprĂšs leurs heures de travail. Il est Ă©galement nĂ©cessaire que ces derniers montrent lâexemple.
Ă l’inverse, les personnes auront tendance Ă rester disponibles âau cas oĂčâ.Â
Axe 3 – Conseils et astuces
Nos conseils pour réussir à se déconnecter des réseaux sociaux quand on est Community Manager ou Social Media Manager :
â Couper ses notifications. Ăa paraĂźt bĂȘte et pourtant, nombreux sont ceux qui ne le font pas. Le fait de ne plus les voir incite beaucoup moins Ă aller voir ce qu’il se passe. Ainsi, vous reprenez le contrĂŽle : câest vous qui choisissez de vous rendre sur vos rĂ©seaux sociaux (et non lâinverse).
â Ranger son tĂ©lĂ©phone et/ou son ordinateur professionnel. Si jamais vous nâarrivez pas Ă Ă©viter dâ« aller jeter un petit coup d’Ćil histoire de⊠», rangez vos outils de travail dans un tiroir. Ainsi, vous serez beaucoup moins tentĂ© de regarder đÂ
â Avoir un lieu dĂ©diĂ© pour travailler. Avec la dĂ©mocratisation du tĂ©lĂ©travail, il est devenu dâautant plus important de cloisonner sa vie pro et sa vie perso Ă la maison. Le fait dâavoir un lieu (peu importe la taille) dĂ©diĂ© Ă votre travail vous aidera Ă dĂ©connecter une fois votre journĂ©e terminĂ©e.Â
â Cloisonner les rĂ©seaux sociaux en fonction de vos besoins. Par exemple, vous pouvez dĂ©cider que LinkedIn et Twitter ne vous servent que pour le pro. Donc, on laisse les applications fermĂ©es en dehors de ses heures de travail ou au moins le week-end.Â
â SâĂ©chapper de son travail. Dans le cas de notre invitĂ©, le fait de partir de Nantes le temps dâun week-end ou de vacances lâaide Ă sâĂ©vader de son travail. Tout ce quâil se passe dans sa ville le ramĂšne forcĂ©ment Ă son travail, donc pas simple de couper !Â
Ă lâinverse, voici les erreurs Ă ne pas commettre :
â Administrer les comptes de ses clients avec ses comptes personnels. LĂ , vous ĂȘtes sĂ»rs de ne pas couper car votre veille va se mĂȘler Ă votre fil dâactualitĂ©s personnel, ainsi que les notifications.Â
â Suivre les comptes de ses clients avec ses comptes personnels. Câest une fausse bonne idĂ©e. MĂȘme si cela part dâun bon sentiment de vouloir les suivre, les publications de vos clients vont se mĂȘler Ă vos intĂ©rĂȘts personnels.Â
Pour conclure ce sujet
Les maĂźtres mots pour bien dĂ©connecter des rĂ©seaux sociaux :Â
- Ăquilibre pour trouver un juste milieu entre vie pro et vie perso sur les rĂ©seaux sociaux. Mais Ă©galement un Ă©quilibre entre les charges de travail qui vous sont attribuĂ©es ainsi quâĂ vos collĂšgues ;Â
- Respiration pour trouver des moments afin de respirer en dehors des rĂ©seaux (la âdigital dĂ©toxâ vous connaissez ? đ) et laisser le travail de cĂŽtĂ© ;Â
- Ăquipe : partagez avec vos collĂšgues les enjeux, les contraintes et la charge de travail que vous avez. Ils vous le rendront bien !
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Transcription de l’Ă©pisode
[Gwen] Bonjour et bienvenue sur LePod, le podcast qui dĂ©cortique les problĂ©matiques des mĂ©dias sociaux avec une dose de stratĂ©gie proposĂ©e par l’agence social media Ouest Digital. Pendant une demi-heure, parfois plus, nous Ă©changeons ensemble sur les mĂ©tiers liĂ©s Ă la communication digitale. Savoir-faire, conseils, bonnes ou mĂȘme mauvaises pratiques du mĂ©tier, on se dit tout.Et on partage nos approches, nos trucs et astuces pour ĂȘtre le plus efficace au quotidien. Dans l’Ă©pisode d’aujourd’hui, je suis accompagnĂ©e de Bryan et d’Alexandre, notre invitĂ© du jour. Et nous allons vous parler du droit Ă la dĂ©connexion sur les rĂ©seaux sociaux.
Ăa paraĂźt simple et pourtant, dans notre mĂ©tier, la frontiĂšre est mince. En effet, dans un contexte d’hyperconnectivitĂ©, comment s’organiser pour pouvoir dĂ©connecter et comment faire accepter ce droit Ă la dĂ©connexion par les autres ? Un dernier mot, si ce podcast vous plaĂźt, pensez Ă vous abonner sur votre plateforme d’Ă©coute prĂ©fĂ©rĂ©e pour ĂȘtre sĂ»r de ne rater aucun Ă©pisode.
Allez, je vous laisse, c’est parti ! Bonjour et bienvenue dans ce 23Ăšme Ă©pisode du Pod. Aujourd’hui, nous allons parler du droit Ă la dĂ©connexion sur les rĂ©seaux sociaux quand on gĂšre des comptes sur les rĂ©seaux sociaux pour une structure.
Pour aborder ce sujet, je suis avec Bryan. Bonjour Bryan.
[Bryan] Bonjour Bryan. [Gwen] Mais Ă©galement avec notre invitĂ© du jour, Alexandre, qui est directement concernĂ© par ce sujet puisqu’il est le social media manager de la ville de Nantes. Avant de poursuivre, Alexandre, je vais te laisser te prĂ©senter si tu veux bien. [Alexandre] Bonjour Ă toutes et Ă tous. Je suis Alexandre ChĂ©ret. Je suis social media manager de la ville de Nantes et de Nantes MĂ©tropole.Ăa fait bientĂŽt 10 ans que je suis Ă la ville et Ă la mĂ©tropole. Je suis en charge de la coordination, de la stratĂ©gie, de la rĂ©flexion autour des rĂ©seaux sociaux des deux collectivitĂ©s. Je suis avec deux community managers au quotidien pour animer, modĂ©rer et dĂ©finir toutes les stratĂ©gies rĂ©seaux sociaux des deux collectivitĂ©s.
[Gwen] Merci Ă toi. Pour vous en dire un peu plus sur pourquoi est-ce qu’on a choisi d’aborder ce sujet aujourd’hui, je vais laisser Bryan nous l’expliquer puisque c’Ă©tait son idĂ©e. [Bryan] Merci Gwen. L’idĂ©e de ce sujet nous vient des Ă©changes qu’on a eu en interne Ă l’agence lorsque j’ai fait une publication sur mon profil LinkedIn Ă propos d’une idĂ©e reçue sur le fait que les personnes qui travaillent dans le social media ne dĂ©connectent jamais. C’est un poste qui a fait rĂ©agir en interne, rĂ©agir dans le bon sens d’ailleurs puisqu’on a eu des Ă©changes trĂšs constructifs.En gros, ce que je disais, c’est qu’on rencontre beaucoup dans nos mĂ©tiers des personnes qui travaillent dans le social media qui disent qu’ils ne coupent pas parce que ce n’est pas possible de couper quand on fait ce mĂ©tier-lĂ . Pourtant, le droit Ă la dĂ©connexion, le fait de pouvoir couper, c’est lĂ©gal. D’ailleurs, c’est mĂȘme dans la loi travail de 2016, cette loi travail que vous connaissez forcĂ©ment qui dit qu’en dehors de ses heures de travail, un salariĂ© n’est pas tenu d’ĂȘtre en permanence joignable.
A priori, un social media manager, un community manager est un peu concernĂ© par le sujet parce que ça veut dire qu’en dehors de ses heures de travail, on n’est pas censĂ© travailler et donc pas censĂ© faire de modĂ©ration ou de diffusion de contenu. Sauf qu’en fait, dans les faits, c’est souvent juste une dĂ©claration de bonne intention. On se rend compte que concrĂštement, il y a souvent des dĂ©bordements.
Il y a beaucoup d’Ă©tudes qui montrent que la majoritĂ© des Français n’arrive pas Ă couper en dehors des heures de travail. Ăa s’est mĂȘme empirĂ© avec le tĂ©lĂ©travail, avec la crise qu’on a connue. Et en fait, pourquoi il y a beaucoup de dĂ©rives, c’est aussi que les entreprises doivent le faire.
Dans le cadre de la loi travail, on est censĂ© le mettre en Ćuvre, mais on n’a pas de sanctions possibles. Ce qui fait qu’effectivement, il y a beaucoup de dĂ©rives. Pourtant, le fait de couper, ça permet quand mĂȘme d’avoir des personnes qui sont sereines, qui sont Ă©panouies au travail, qui ont un cerveau qui se rĂ©gĂ©nĂšre, puis qui sont frais aussi au quotidien.
Donc c’est quand mĂȘme essentiel, ce n’est mĂȘme pas qu’une question de droit. Et en fait, dans ma tĂȘte, au moment oĂč je fais ce poste, ça paraissait trĂšs simple. Il suffit juste d’organiser le travail pour que les personnes puissent dĂ©connecter quand on fait du social media.
Sauf qu’en fait, on a bien vu en interne dans nos dĂ©bats que ce n’est pas aussi simple que ça de pouvoir dĂ©connecter. Et on s’est dit, il y a bien un secteur qui est quand mĂȘme directement concernĂ© par cette problĂ©matique de dĂ©connexion, c’est quand mĂȘme le secteur public, surtout quand il y a des relations avec les usagers, qui posent des questions souvent quand eux sont disponibles, c’est-Ă -dire le soir, les week-ends. Donc voilĂ , on s’est dit que ce serait peut-ĂȘtre bien de faire tĂ©moigner une personne qui travaille dans le sujet.
C’est pour ça qu’on a sollicitĂ© l’extent pour qu’on puisse Ă©changer un petit peu sur la maniĂšre dont est organisĂ©e justement cette dĂ©connexion. Et puis en fait, les choses auxquelles il faut penser pour l’organiser, parce qu’on va voir, ce n’est pas forcĂ©ment si simple que ça. VoilĂ , voilĂ pour l’introduction et le contexte.
[Gwen] Merci. Justement, rentrons tout de suite dans le vif du sujet. Alexandre, est-ce que tu pourrais nous en dire un petit peu plus, vous à la Ville de Nantes et à la Métropole, comment est-ce que vous vous organisez pour rester réactif, mais tout en vous déconnectant, tout en gardant ce cÎté vie privée le soir, le week-end.Comment est-ce que vous vous organisez ?
[Alexandre] DĂ©jĂ , il y a la notion d’Ă©quipe, en fait. Je pense que dans beaucoup de collectivitĂ©s, c’est vraiment assez diffĂ©rent. Mais pour nous, l’important, c’est vraiment le travail d’Ă©quipe.On est au sein d’une direction. Et donc nous, on a une direction Ă la formation avec des mĂ©tiers complĂ©mentaires, des mĂ©tiers qui sont diffĂ©rents. Et on compte aussi beaucoup les uns sur les autres pour pouvoir dĂ©connecter et avoir tout le temps quelqu’un qui puisse agir, prĂ©voir, anticiper, voir de maniĂšre opĂ©rationnelle directement communiquer sur les rĂ©seaux.
Et donc plus particuliĂšrement sur l’exemple du week-end, on a un systĂšme d’astreinte avec une Ă©quipe de commit managers, de journalistes et qui se succĂšde chaque week-end pour communiquer Ă©ventuellement s’ils sont appelĂ©s pour d’Ă©ventuelles communications sur les sites internet ou les rĂ©seaux sociaux. Et donc c’est ce systĂšme qui permet au reste de l’Ă©quipe aussi de pouvoir se souffler, ne pas ĂȘtre appelĂ© et aussi Ă notre hiĂ©rarchie d’avoir une personne rĂ©fĂ©rente pour pouvoir avoir quelqu’un, un interlocuteur privilĂ©giĂ©. Et donc c’est vraiment la notion d’Ă©quipe qui nous permet vraiment de souffler, d’avoir aussi confiance en laissant vĂ©ritablement le travail au travail et ne pas penser Ă travailler Ă la maison.
Parce que forcĂ©ment quand on a une tĂąche, quand on a des choses Ă faire au quotidien et qu’on doit les dĂ©lĂ©guer, on a toujours potentiellement peur que ça soit mal fait parce qu’il y a toute une rĂ©flexion en amont. Sur les rĂ©seaux sociaux c’est trĂšs bien qu’un poste ça se rĂ©flĂ©chit en amont, il y a des formats, des choses Ă faire. Et donc la personne qui doit potentiellement publier, il faut qu’elle soit formĂ©e, il faut qu’elle soit aussi Ă l’aise pour prendre la main.
Il y a tout un systĂšme Ă organiser dans l’Ă©quipe pour pouvoir ĂȘtre autonome, que chacun puisse agir de maniĂšre autonome. LĂ , l’exemple du week-end, il y a une personne qui est rĂ©fĂ©rente. Qui est identifiĂ©e, qui tourne chaque week-end.
C’est ça. AprĂšs, chacun a Ă©tĂ© formĂ©. Nous, au sein de l’Ă©quipe rĂ©seaux sociaux, social manager, committee manager, forcĂ©ment les rĂ©seaux sociaux, c’Ă©tait notre domaine.
Mais il y avait la question de la mise Ă jour des sites. Nous, c’est notre cĆur de mĂ©tier au quotidien. Donc on a Ă©tĂ© formĂ©s aussi Ă la mise Ă jour des sites internet.
Et Ă l’inverse, les journalistes qui sont le plus sur les sites internet, eux ont Ă©tĂ© formĂ©s aux rĂ©seaux sociaux et Ă l’outil qui nous permet de publier sur les rĂ©seaux le week-end. Et dans cette Ă©quipe, vous ĂȘtes combien ? Sur l’Ă©quipe d’Astreinte, on est 8.
Avec 3 personnes d’Ă©quipe rĂ©seaux sociaux, 4 journalistes et une responsable des Ă©ditions numĂ©riques, des contenus numĂ©riques des sites.
[Gwen] Et dans quel cas l’Astreinte va ĂȘtre dĂ©clenchĂ©e pour ces Ă©quipes le week-end ? [Alexandre] Alors il y a deux cas de figure. Il y a la communication de crise potentiellement, oĂč il y a une information urgente Ă mettre en ligne pour pouvoir informer le plus rapidement possible les habitants. Et donc cette information-lĂ va ĂȘtre sur les sites et sur les rĂ©seaux.Et aprĂšs, il y a l’information plus usagĂ©e, une fermeture de parc par exemple, ou d’un problĂšme liĂ© au transport ou autre. Quelque chose qui ne sera pas de l’ordre de la crise vĂ©ritablement, mais qui est important Ă signaler. Et donc lĂ effectivement, on va avoir un systĂšme d’information qui va nous ĂȘtre transmis soit par mail, soit on a un service dĂ©diĂ© en interne qui centralise toutes les informations essentielles autour soit de la crise, soit des informations un peu usagĂ©es durant le week-end.
Et donc la personne qui est d’Astreinte est en lien avec ce service-lĂ et donc peut ĂȘtre appelĂ©e par ce service-lĂ pour passer une information sur les rĂ©seaux, s’il juge ça utile aussi. Parce qu’aprĂšs, il y a aussi la question un peu de l’Ă©ditorial derriĂšre, de la pertinence. Toutes les informations ne sont pas forcĂ©ment bonnes Ă ĂȘtre transmises Ă l’instant T.
Donc la personne d’Astreinte est aussi responsable des contenus qu’elle publie. Donc elle est en lien avec ce service-lĂ . Et aprĂšs, pour les sujets les plus touchy, on va dire, ça peut ĂȘtre aussi le cabinet de la maire prĂ©sidente qui peut activer la personne.
[Gwen] Donc qui est indĂ©pendant de votre Ă©quipe. [Alexandre] Oui, exactement. [Bryan] Et depuis combien de temps le systĂšme d’Astreinte existe ? [Alexandre] Eh bien, c’Ă©tait vĂ©ritablement mis en place, là ça fait bientĂŽt deux ans. Et alors, avant l’Astreinte, comment vous y ĂȘtes ? Eh bien, avant l’Astreinte, en gĂ©nĂ©ral, on Ă©tait appelĂ© un peu en fonction de nos compĂ©tences.Donc ce qui fait qu’effectivement, il pouvait y avoir plusieurs personnes d’appelĂ©es pour essayer de trouver quelqu’un qui puisse agir sur les diffĂ©rents mĂ©dias. En gĂ©nĂ©ral, c’est un peu les personnes en responsabilitĂ© qui Ă©taient appelĂ©es en premiĂšre. C’est un systĂšme un peu pyramidal.
Donc forcĂ©ment, les personnes en charge des sites internet ou des rĂ©seaux sociaux Ă©taient appelĂ©es en premier. Et puis aprĂšs, en fonction de qui Ă©tait disponible, il y avait une dĂ©lĂ©gation qui Ă©tait faite. Mais effectivement, c’Ă©tait moins organisĂ©.
[Bryan] Du coup, le systĂšme d’Astreinte a permis vraiment d’organiser cette dĂ©connexion aussi des Ă©quipes, pour ĂȘtre plus serein. [Alexandre] Oui, tout Ă fait. AprĂšs, c’est sĂ»r qu’en nombre de week-ends, vĂ©ritablement, il y a une action. Ce n’est pas forcĂ©ment Ă©norme.Mais ce qui est souvent le cas dans la commune de crise, c’est qu’il vaut mieux se prĂ©parer Ă ĂȘtre vraiment hyper entraĂźnĂ©, hyper rodĂ© dans une organisation. Parce que c’est le jour oĂč ça arrive qu’on se rend compte des problĂšmes d’organisation, de transmission d’informations. Et donc, c’est vrai que le conseil, vĂ©ritablement, c’est d’organiser au mieux les tĂąches et le systĂšme d’information pour, vĂ©ritablement, ĂȘtre opĂ©rationnel le jour J.
[Gwen] Et alors, les Astreintes, c’est vraiment fait que pour la commune de crise, oĂč les informations urgentes ou importantes, ça ne sert pas, par exemple, pour apporter des rĂ©ponses Ă des commentaires de citoyens nantais ? [Alexandre] Oui, tout Ă fait. On a mis en place cette Astreinte, effectivement, surtout pour la commune de crise et la commune d’informations usagĂ©es importantes. On a aussi eu des retours en interne, en gros des services qui pilotent un peu la qualitĂ© de vie au travail chez nous et qui avaient vraiment des remarques sur le fait de ne pas continuer nos missions de la semaine, le week-end, avec ce systĂšme d’Astreinte.Parce que ça peut vite dĂ©border, on peut vite, tout d’un coup, essayer de rattraper le retard Ă©ventuel ou mĂȘme d’anticiper sur la semaine Ă venir et de travailler beaucoup plus qu’on ne devrait. Et du coup, il y a un cadre qui a Ă©tĂ© posĂ©, qui est trĂšs clair sur ce qu’on ne fait pas durant l’Astreinte. Et effectivement, on ne modĂšre pas, on ne rĂ©pond pas aux usagers, Ă part si, vĂ©ritablement, c’est une commune de crise importante et qu’il y a vĂ©ritablement besoin.
Mais sinon, effectivement, ce n’est pas dans le cadre de l’Astreinte.
[Bryan] OK. Donc, la modĂ©ration se fait uniquement sur les heures de travail. [Alexandre] Oui. [Bryan] Parce que c’est un parti pris. [Alexandre] C’est un parti pris. C’est une rĂšgle pour nous, clairement. On l’applique aussi en interne.Les Ă©quipes sont claires lĂ -dessus. Et les comitĂ©s mĂ©nageurs chez nous, je le pousse en tout cas pour que ce soit le cas, c’est qu’aprĂšs, une fois qu’on est parti du bureau ou qu’on a dĂ©connectĂ© de son poste de travail, mĂȘme en tĂ©lĂ©travail, on ne modĂšre pas un commentaire Ă 22h. VoilĂ .
MĂȘme si, effectivement, c’est tentant.
[Bryan] Oui, c’est ça. [Alexandre] Parce qu’on peut potentiellement le voir. Mais c’est vrai que c’est compliquĂ© parce que c’est des mĂ©dias qui sont vivants, des mĂ©dias sur lesquels on est tout le temps. Et c’est des choses qu’on suit, qui, quelque part, nous appartiennent un peu. [Bryan] Oui. Du coup, c’est trĂšs simple. Ăa veut dire qu’on ne va pas vous reprocher Ă un moment donnĂ© de ne pas avoir modĂ©rĂ© un commentaire le soir ou le week-end.Finalement, c’est un peu comme la gestion de tĂ©lĂ©phone quand on est en mairie. Il y a quelqu’un qui rĂ©pond au tĂ©lĂ©phone. Il y a la rĂ©ponse directement Ă l’usager.
Et sinon, la personne rappellera au moment oĂč la mairie est ouverte, finalement. Il y a vraiment cette capacitĂ© Ă organiser et Ă dire Ă quel moment on est disponible pour vous rĂ©pondre. Et pas cette obligation d’immĂ©diatetĂ© et de 24-24 comme on l’entend un peu trop souvent.
[Alexandre] C’est vrai qu’on n’a pas d’engagement. On n’a jamais communiquĂ© dessus. En tout cas, on n’a pas d’engagement sur le fait de rĂ©pondre vĂ©ritablement aux usagers dans un certain nombre d’heures ou mĂȘme des minutes.Je ne sais pas. Il n’y a pas d’engagement vĂ©ritable. Par contre, effectivement, c’est notre mission de service public de rĂ©pondre aux usagers.
Et on l’assume et on le fait. Effectivement, on a imposĂ© un cadre pour Ă©viter, mĂȘme si les rĂ©seaux vivent 24-24 quasiment, on sait trĂšs bien que ce serait attenable en termes d’Ă©quilibre de vie privĂ©e et de vie pro.
[Gwen] Moi, je me demandais justement… Aujourd’hui, on est vraiment dans un contexte d’hyperconnectivitĂ© et dans une culture de l’immĂ©diatetĂ©. Est-ce que c’est facile Ă faire accepter aux usagers ce cĂŽtĂ© de ne pas avoir de rĂ©ponse forcĂ©ment instantanĂ©e dans la soirĂ©e ou le week-end ?Est-ce que des fois, vous avez des mauvais retours pour ça, des gens qui ne comprennent pas ?
[Alexandre] Du coup, on a mis en systĂšme sur Facebook et Instagram, on a du coup un message automatique qui explique que la rĂ©ponse sera apportĂ©e les jours suivants. Et aprĂšs, on a globalement, quand mĂȘme, vu l’activitĂ© qu’on a dans la semaine, on a globalement une bonne perception, je pense, une bonne rĂ©putation, Ă mon avis, sur les messages apportĂ©s, les rĂ©ponses apportĂ©es. AprĂšs, effectivement, il y en a qui ne comprennent pas, il y en a qui caricaturent forcĂ©ment, ils disent qu’ils devraient ĂȘtre partis Ă 16h le vendredi.Donc du coup, si ils partent Ă cette heure-lĂ , jamais ils ne travailleront le week-end. Donc effectivement, il y en a toujours qui rĂąleront. Mais globalement, quand mĂȘme, je trouve que ce n’est pas le week-end oĂč on a le plus de questions.
Je pense que les gens ont un peu l’habitude aussi, ils sont assez comprĂ©hensifs sur le fait qu’on ne soit pas connectĂ©s 24h sur 24, le week-end aussi. Donc ils savent nous solliciter aprĂšs, durant la semaine. En tout cas, je n’ai pas ressenti de bad news ou de remarques trĂšs nĂ©gatives sur le fait qu’on soit absent le week-end.
[Bryan] On vous pardonne de prendre du repos. [Alexandre] C’est vrai qu’il y a une certaine empathie avec les community managers, parce que, mine de rien, le mĂ©tier est un peu reconnu aujourd’hui, et on sait que les community managers sont que l’interface. Ils ne sont pas les dĂ©cisionnaires non plus, et ce ne sont pas ceux qui sont Ă l’origine forcĂ©ment des Ă©lĂ©ments de langage, derriĂšre des rĂ©ponses apportĂ©es. Et donc que les community managers prennent du repos le week-end, en soi, c’est un peu normal aussi. [Gwen] Tout Ă fait. Je repose un peu la mĂȘme question, mais au niveau de la hiĂ©rarchie des supĂ©rieurs, ça c’est pareil, c’est quelque chose qui est normal pour tout le monde, ici, que vous puissiez avoir ce droit Ă des connexions ? [Alexandre] Oui, c’est normal. On a mĂȘme eu vraiment des remarques, des directives, puisqu’on en faisait trop par moments. ForcĂ©ment, il y a des pĂ©riodes oĂč on avait envie de couvrir tel Ă©vĂ©nement le week-end, de travailler un peu plus le week-end, parce que, mine de rien, le week-end, c’est aussi des moments oĂč on crĂ©e de l’engagement avec une communautĂ©, oĂč on est vraiment, on va dire, beaucoup plus visible.Donc il y avait aussi une volontĂ© de notre part, Ă un moment donnĂ©, de communiquer un peu plus le week-end, de couvrir plus d’Ă©vĂ©nements et tout, et on a eu vĂ©ritablement un frein et une demande si besoin de communiquer, d’externaliser. Et aprĂšs, sur la modĂ©ration, concrĂštement, ça a Ă©tĂ© clair de ne pas rĂ©pondre, parce que qui dit rĂ©pondre, dit engager une conversation. Et en fait, quand on commence Ă rĂ©pondre, ce n’est pas une rĂ©ponse qu’on apporte en gĂ©nĂ©ral, c’est plusieurs rĂ©ponses Ă suivre.
C’est vĂ©ritablement une conversation qui est engagĂ©e avec l’internaute, et l’internaute, si on lui rĂ©pond Ă 15h, qui n’est plus personne Ă 15h10, parce qu’on a dĂ©jĂ transmis une rĂ©ponse, il ne va pas le comprendre. Il va dire qu’il y a quelqu’un derriĂšre, donc je peux le solliciter. Donc il faut que le service soit aussi sur la durĂ©e, ça, c’Ă©tait intenable, en termes de ressources humaines aussi.
Pour aussi, par rapport à nos semaines qui sont trÚs chargées.
[Bryan] Effectivement, il y a l’aspect externe oĂč l’internaute doit comprendre, il arrive de plus en plus Ă comprendre que le community manager coupe, ça c’est le premier point. Et puis aprĂšs, il y a aussi l’accompagnement en interne et l’exemplaritĂ© mĂȘme aussi du management en disant attention, ça concerne tout le monde, le droit Ă des connexions, donc en fait, on s’envoie des mails et on discute sur les heures de travail et en dehors, par contre, on doit pouvoir couper. [Alexandre] Et effectivement, l’importance de la hiĂ©rarchie Ă se faire ressentir dans ce droit Ă des connexions, parce que si la hiĂ©rarchie pousse, ou en tout cas a des rĂ©flexes de solliciter mĂȘme pour des petites choses, ça raccroche le community manager, l’agent Ă son travail, mine de rien, et puis il va forcĂ©ment s’organiser un peu en fonction de ça, il faut que je laisse mon tĂ©lĂ©phone allumĂ©, on ne sait jamais, au cas oĂč, mĂȘme si ça arrive 2-3 fois par an, je ne sais pas, et du coup, effectivement, nous, le fait qu’on ait l’instruct le week-end et une hiĂ©rarchie qui nous a dit clairement des choses sur les heures de travail et les sollicitations qui sont vraiment exceptionnelles sur des besoins de corriger potentiellement un poste qui avait Ă©tĂ© programmĂ© ou quelque chose de ce style-lĂ , une action sur nos rĂ©seaux, honnĂȘtement, c’est primordial. [Gwen] Ăa marche. Moi, je voulais juste revenir au niveau de votre organisation. Est-ce que vous utilisez, alors je ne sais pas si tu peux en parler ou quoi, mais dans votre organisation, est-ce que vous vous aidez d’outils ?Parce qu’on a parlĂ© du cĂŽtĂ© humain, l’organisation de l’Ă©quipe, etc. Est-ce que vous vous aidez d’outils, justement, pour ça ?
[Alexandre] Ouais, enfin, du coup, on a plusieurs outils. Alors l’outil vraiment qu’on utilise pour la strainte et qui nous sert Ă programmer les contenus ou Ă publier les contenus en direct si besoin, c’est Agora Pulse. VoilĂ , c’est un…qui se sont rĂ©cemment implantĂ©s Ă Nantes, en plus, Ă la L6. Je vous profite pour un petit clin d’Ćil. Et c’est, ouais, c’est un outil qui nous sert beaucoup Ă programmer et Ă publier.
On l’a pris Ă la base pour la modĂ©ration, mais en fait, effectivement, on l’utilise pas mal pour le week-end. Et aprĂšs, pour anticiper les potentiels sujets, on utilise la Zana, qui est un peu un concurrent de Trello, on va dire, et qui est un outil trĂšs complet, du coup, pour aussi s’attribuer des tĂąches et pouvoir chacun contribuer sur la planification, sur l’anticipation des sujets, les Ă©lĂ©ments de langage potentiels et tout. Donc ça, ça nous aide aussi Ă anticiper les sujets, par exemple, du week-end.
[Bryan] Je reviens sur Agora Pulse et la gestion des commentaires, justement, en pĂ©riode d’astreinte, puisqu’on a parlĂ© tout Ă l’heure de la notion d’Ă©quipe. Ce qui est difficile, parfois, dans une Ă©quipe, c’est d’avoir la mĂȘme façon de travailler, de s’aligner, en fait, sur la façon dont on va gĂ©rer, notamment, les commentaires, et avoir aussi l’historique d’un dialogue avec un internaute. Est-ce qu’aujourd’hui, vous arrivez Ă l’organiser, ça, avec les outils que vous avez Ă disposition ? [Alexandre] Oui, du coup, on utilise Agora Pulse, effectivement, sous cet angle-lĂ , c’est-Ă -dire qu’on est vĂ©ritablement une Ă©quipe dans l’outil, et du coup, on s’assigne des commentaires, des sujets, des publications, et on partage, en fait, les Ă©lĂ©ments. On a entrĂ© aussi, par exemple, des rĂ©ponses un peu prĂ©dĂ©finies, qu’on ajuste Ă chaque fois, et donc ça, c’est partagĂ© aussi au sein de l’Ă©quipe, pour qu’il y ait, en gros, le mĂȘme type de rĂ©ponses apportĂ©es, pour que, d’un community manager Ă l’autre, la voix de la collectivitĂ© soit un peu similaire, parce qu’effectivement, quand on s’approprie un sujet, on va forcĂ©ment communiquer avec ses propres mots, et si on veut le vulgariser un peu, pour essayer de l’expliquer sur Twitter en rĂ©ponse Ă un internaute, le risque, effectivement, c’est qu’on ait une voix qui soit un peu diffĂ©rente d’un community manager Ă l’autre. Donc lĂ , effectivement, on partage un peu des contenus, et puis des pratiques, on va dire, au sein de l’outil.Et aprĂšs, sur la publication, c’est aussi important d’avoir un peu les mĂȘmes guidelines, parce que lĂ , je parlais de l’Ă©quipe d’Astreinte, il y a des journalistes et des community managers, donc c’est aussi important qu’on ait les mĂȘmes rĂ©flexes sur l’outil. Les mĂȘmes tons… D’accord.
Ok.
[Gwen] Je me demandais, parce que tout Ă l’heure, tu en as un petit peu parlĂ©, mais on n’est pas trop rentrĂ© dans le sujet de la prise de parole en cas de crise. Est-ce que vous avez des processus diffĂ©rents en cas de crise pour votre organisation ? [Alexandre] Alors, en cas de crise, en fait, on a… LĂ , il y a des nouvelles personnes qui peuvent rentrer un peu dans l’Ă©quipe, on va dire, parce que lĂ , ça se joue vraiment Ă l’Ă©chelle de la collectivitĂ©, donc il va y avoir dĂ©jĂ le cabinet de la maire-prĂ©sidente qui va ĂȘtre beaucoup plus prĂ©sent, les services aussi, et puis aprĂšs, il va y avoir souvent un groupe WhatsApp qui va ĂȘtre crĂ©Ă©, et donc, notre hiĂ©rarchie va solliciter aussi les personnes compĂ©tentes. On a des chargĂ©es de communication, par exemple, qui sont thĂ©matisĂ©es chez nous, et donc, le chargĂ© de com’ thĂ©matique va ĂȘtre sollicitĂ©, le journaliste potentiellement aussi, parce qu’il va y avoir un suivi sur le site, par exemple, si c’est une crise au long cours, il va y avoir une actualitĂ© qui va certainement ĂȘtre mise Ă jour rĂ©guliĂšrement, et puis sur les rĂ©seaux sociaux, pour le coup, lĂ , on va activer la modĂ©ration, on va activer la veille aussi, pour savoir aussi comment la crise s’Ă©tend, comment on la gĂšre, est-ce qu’il va falloir communiquer sur d’autres canaux que sur nos canaux officiels, pour aller peut-ĂȘtre commenter d’autres publications oĂč ça parle de la crise, oĂč il y a beaucoup d’engagement, et donc, il y a un travail de veille, de modĂ©ration, et du coup d’animation du committee major qui est beaucoup plus consĂ©quent que sur de l’info usagĂ©e habituelle, et donc, en fait, cette petite Ă©quipe se constitue assez rapidement, elle est constituĂ©e par notre hiĂ©rarchie, avec la personne d’astreinte, forcĂ©ment, mais du coup, effectivement, ça peut s’Ă©tendre, c’est un dispositif qui est diffĂ©rent de ce que nous on a l’habitude sur le week-end. [Gwen] Mais du coup, c’est un dispositif qui a Ă©tĂ© Ă©tabli, n’importe qui peut prendre la chose en main, vous avez un process Ă suivre. [Alexandre] Oui, tout Ă fait. Mais aprĂšs, la commune de crise, en gĂ©nĂ©ral, c’est toujours… lĂ , les personnes qui vont ĂȘtre sollicitĂ©es ne vont peut-ĂȘtre pas forcĂ©ment s’y attendre.AprĂšs, l’avantage, c’est encore une fois le travail d’Ă©quipe, c’est que le chargĂ© de communication qui est thĂ©matisĂ©, le jour oĂč il y a une crise sur l’eau ou autre, s’il n’est pas disponible, il y a un autre chargĂ© de communication qui va prendre la main et son expertise de chargĂ© de communication va lui permettre quand mĂȘme d’avoir les bons rĂ©flexes, de travailler avec l’attachĂ© de presse, de travailler avec nous sur les Ă©lĂ©ments de langage. AprĂšs, effectivement, en gĂ©nĂ©ral, sur la commune de crise, la personne d’astreinte ne peut pas ĂȘtre seule, c’est un peu compliquĂ©, donc il va falloir trouver des personnes. C’est au bon vouloir aussi, la disponibilitĂ© des agents, heureusement, c’est trĂšs, trĂšs rare.
[Gwen] Oui, c’est sĂ»r. Mais c’est important de le prĂ©voir. [Bryan] Oui, c’est ça. Alors, on parle beaucoup de la ville de Nantes, de Nantes MĂ©tropole. Il y a des enjeux quand mĂȘme qui sont assez importants et du coup, des moyens aussi pour organiser toute cette dĂ©connexion.Est-ce que toi, tu as des retours de comment ça se passe dans des villes un peu plus modestes de la mĂ©tropole oĂč parfois, on a des personnes qui sont seules ? Parce que je pense que les personnes qui nous Ă©coutent vont se rendre compte que ce qu’on dit lĂ , ce n’Ă©tait pas toujours adaptĂ© Ă des petites structures. Est-ce que tu sais un peu comment ça se passe ?
[Alexandre] Je ne sais pas forcĂ©ment vĂ©ritablement comment ça se passe, mais je sais au moins qu’effectivement, le cĂŽtĂ© couteau suisse des communicants dans les petites collectivitĂ©s fait qu’ils sont quand mĂȘme beaucoup plus… Enfin, en tout cas, ils ont, je pense, beaucoup plus de mal Ă dĂ©connecter. Ils sont aussi souvent plus proches du cabinet de la maire et donc ce qui fait que ça crĂ©e une proximitĂ© qui se joue aussi sur les mĂ©dias pour communiquer assez rapidement.Donc, il y a tout un… Je pense Ă tout un dispositif qui est forcĂ©ment je pense moins cadrĂ©, moins rĂ©gulĂ© que nous. Mais aprĂšs, je sais que dans d’autres structures, je pense par exemple au CHU ou dans des structures oĂč il y a des rĂ©seaux sociaux, oĂč il y a des mĂ©dias sociaux qui sont quand mĂȘme assez suivis et tout, je sais effectivement que ça peut ĂȘtre compliquĂ© de couper parce qu’il y a un besoin de communiquer potentiellement.
LĂ , pour le coup, la commune de Chris, par exemple, peut ĂȘtre n’importe quand et c’est pas des grosses Ă©quipes du tout. Donc, c’est un peu plus compliquĂ©, je pense, sur ce type de structure ou dans des petites communes oĂč les agents font tout. Et ça, c’est effectivement…
Je n’ai pas d’exemple comme ça, mais j’en ai rencontrĂ© quelques-uns qui envient un peu, effectivement, nous, notre cĂŽtĂ© vraiment structurĂ©.
[Bryan] Je pense que dans les dĂ©bats qu’on avait justement sur ce sujet-lĂ en interne, ce qui revenait beaucoup, c’Ă©tait le secteur public, c’est quand mĂȘme difficile de dĂ©connecter, mĂȘme si on voit que finalement, c’est possible. Et l’autre argument, c’est les toutes petites boĂźtes, les petites structures, c’est quand mĂȘme trĂšs difficile quand tu as une seule personne, par exemple, qui gĂšre les rĂ©seaux sociaux ou une personne qui gĂšre toute la commune, dont les rĂ©seaux sociaux. Parce que tout repose sur une seule et mĂȘme personne, et c’est vrai que je pense que la taille joue beaucoup aussi sur la capacitĂ© Ă organiser cette dĂ©connexion.Il y a quelque chose qui est intĂ©ressant dans ce que vous faites, c’est que finalement, les personnes qui vont intervenir en cas d’astreinte, ce ne sont pas forcĂ©ment les personnes qui travaillent sur les rĂ©seaux sociaux tout au long de la semaine. Ce sont les personnes qui ont Ă©tĂ© sensibilisĂ©es Ă la question, qui savent utiliser les outils, qui comprennent comment on les utilise. Ce n’est pas forcĂ©ment leur mĂ©tier initial, ils ont une fibre, mais ils peuvent intervenir en cas de problĂšme.
Et du coup, il y a cette notion d’Ă©quipe et de formation qui est assez intĂ©ressante. Ăa montre aussi, d’une certaine maniĂšre, qu’une petite entreprise, oĂč on a une personne qui a la communication, on peut trĂšs bien avoir une personne qui est contributeur, qui est commercial, ou mĂȘme la direction, qui peut intervenir en cas de problĂšme.
[Alexandre] Et nous, c’Ă©tait le groupe de travail, parce que pendant longtemps, j’Ă©tais tout seul, et donc j’Ă©tais un peu dans le modĂšle d’Ă©quipe et de collectivitĂ©. Du coup, je pouvais solliciter le week-end rĂ©guliĂšrement, et surtout, en Ă©tant seul, il y a une responsabilitĂ© qui est forte, qui n’est pas partagĂ©e, et donc il y a derriĂšre aussi la connexion permanente pour suivre tout ce qu’on a produit, parce que dĂšs qu’on programme le week-end, mĂȘme si on a vĂ©rifiĂ© 4-5 fois nos donnĂ©es de poste, c’est jamais, on a publiĂ© le vendredi soir, on est fatiguĂ©, la semaine, et il y a une coquille qui est passĂ©e, et puis au-delĂ de ça, il y a toute l’activitĂ© de la collectivitĂ© et lĂ , pour le cas de la ville de Nantes et de Nantes-PĂ©tropole, c’est Nantes, c’est une ville dynamique, il se passe toujours quelque chose, et donc le week-end, nos centres d’intĂ©rĂȘt, notre vie, nous ramĂšne aussi forcĂ©ment au quotidien de la semaine et de la collectivitĂ©, et du coup moi quand j’Ă©tais tout seul, la dĂ©connexion Ă©tait beaucoup plus difficile vĂ©ritablement, mais pas par rapport Ă la hiĂ©rarchie qui m’imposait, mais par rapport au fait que la responsabilitĂ© n’Ă©tait pas partagĂ©e, c’est vrai que effectivement, la question des contributeurs et de jouer collectif sur ce service public numĂ©rique, elle est essentielle, c’est clair. [Bryan] C’est un tĂ©moignage, un retour qui est assez intĂ©ressant, justement, de se dire oui, il peut y avoir une personne qui est responsable des rĂ©seaux sociaux, dans une entreprise, et s’il y a besoin, si on se rend compte que parfois, il y a besoin d’avoir quelqu’un le week-end en restreinte, parce que c’est un secteur oĂč il y a besoin d’une rĂ©ponse rapide, c’est bien d’avoir justement cette vision collective, de faire intervenir des contributeurs dont ce n’est pas forcĂ©ment le mĂ©tier, mais qui ont un peu la fibre sur ces sujets-lĂ . En tout cas, ce qui est important, c’est que ça soit organisĂ© avec un systĂšme d’astreinte, qu’il soit mis en place aussi, il y a la question aussi des ressources humaines qui doivent intervenir, du juridique, de la remunĂ©ration. Oui, parce que c’est quand mĂȘme important aussi pour les personnes qui nous Ă©coutent.Moi, dans ma tĂȘte, c’est logique, en tant que chef d’entreprise, pour Alexandre, ça l’est aussi sĂ»rement, Ă la Ville de Nantes, on s’est bien cadrĂ©, mais une astreinte, c’est rĂ©munĂ©rĂ©, ce n’est pas sur la base du volontariat. Et ça aussi, c’est trĂšs important Ă avoir Ă l’esprit, parce que mine de rien, quand on est d’astreinte, mĂȘme si on n’est pas dĂ©clenchĂ©, on est censĂ© pouvoir ĂȘtre disponible, et donc on est toujours un petit peu connectĂ© d’une certaine maniĂšre au travail, mĂȘme si on ne travaille pas de maniĂšre effective. Ăa, c’est quand mĂȘme un point qui est non nĂ©gligeable.
[Gwen] Je ne sais pas si tu as d’autres questions, Bryan, avant qu’on passe Ă la partie conseils et astuces. [Bryan] Vas-y. [Gwen] Est-ce que, alors du coup, tu disais que quand tu es arrivĂ© il y a dix ans, tu Ă©tais tout seul, l’Ă©quipe s’est construite autour de toi, Ă tes cĂŽtĂ©s. Est-ce que tu aurais des bons conseils ou des bonnes astuces Ă nous transmettre pour justement rĂ©ussir cette dĂ©connexion ? [Alexandre] Alors, dĂ©jĂ , couper ses notifs, en gĂ©nĂ©ral. Il y a pas mal de committee managers actifs de notification toujours sur tous les rĂ©seaux. Je pense qu’en tout cas, couper ses notifs, ne plus les voir, ça incite dĂ©jĂ moins Ă aller sur les rĂ©seaux, Ă aller voir ce qui se passe.Et puis, c’est toi qui es dans l’action.
[Bryan] C’est toi qui as choisi d’aller voir le contenu. Et ça, c’est quand mĂȘme, je pense, ça fait du bien aussi. [Alexandre] C’est vrai. Et aprĂšs, une fois que les notifs sont coupĂ©s, le committee manager Ă l’invite de Nantes, ça veut aussi dire potentiellement qu’on vit dans la Nantes ou dans la mĂ©tropole, qu’on vit la vie nantaise par ailleurs. C’est aussi de trouver des moyens pour essayer d’Ă©chapper de tous les sujets nantais pour Ă©viter qu’ils nous rappellent un peu le travail.C’est aussi pas mal voyager, en tout cas, aller voir ailleurs, aller ailleurs qu’Ă Nantes. Et puis, s’Ă©vader pour aller vĂ©ritablement chercher d’autres choses pour se vider la tĂȘte et pour partager d’autres choses que la vie nantaise qui est passionnante, mais qui dĂ©pend aussi beaucoup d’Ă©nergie et de charge mentale. Mine de rien, vu que tout ce qui s’y passe c’est tout ce qui fait notre mĂ©tier.
Un autre point aussi, comme on a aussi mis en place le tĂ©lĂ©travail pas mal au sein de la collectivitĂ©, depuis la crise sanitaire, depuis le dĂ©but de la crise, avoir un vrai lieu chez soi pour travailler et bien couper du reste pour… C’est un des cas pour beaucoup de monde et on l’a beaucoup dit pendant la crise sanitaire, mais c’est vrai que c’est assez essentiel d’avoir un lieu oĂč on la dĂ©finit pour travailler et qu’il ne soit pas un lieu dans lequel on vit vĂ©ritablement au quotidien pour ne pas mĂ©langer un peu trop le pro et le perso. Parce que avec le tĂ©lĂ©travail, forcĂ©ment, le pro s’immisce un peu dans le perso chez soi, on va dire physiquement.
Donc voilĂ , c’est un peu les conseils que je pourrais… les astuces un peu.
[Gwen] C’est vrai que dans les mĂ©tiers du numĂ©rique, en gĂ©nĂ©ral, ça peut vite ĂȘtre compliquĂ© de couper. Et puis, comme tu dis, avec le tĂ©lĂ©travail, tout le monde n’a pas… ne peut pas avoir un endroit dĂ©diĂ© pour travailler, mais aprĂšs pour d’autres mĂ©tiers, ça peut aussi ĂȘtre Ă©teindre son ordinateur et ne pas le laisser entre ouvert ou en veille ou je ne sais pas.Ou comme Bryan, mettre son tĂ©lĂ©phone pro rangĂ© dans un tiroir.
[Bryan] Le vendredi soir, je rentre chez moi, le premier truc que je fais, c’est que je ouvre mon tiroir, je mets mes clĂ©s de voiture et je mets mon tĂ©lĂ©phone. Je ne dirai pas quel tiroir du coup, parce que sinon, je suis chez moi. Et le simple fait de ne pas avoir mon tĂ©lĂ©phone, en fait, je ne pense pas du tout au travail.Je ne suis pas tentĂ© mĂȘme de regarder s’il y a quelque chose. C’est des actions qui paraissent symboliques, mais c’est vrai que ça joue beaucoup aussi sur l’Ă©quilibre.
[Alexandre] Nous, c’est vrai que c’est vĂ©ritablement le travail un peu patient de sa vie qui fait qu’on est souvent reconnectĂ© en fait, mĂȘme si on est dĂ©connectĂ©. Ăa vient Ă nous parce que l’actualitĂ© nantaise fait que ça va nous faire penser Ă un Ă©vĂ©nement, va nous faire penser Ă je ne sais pas, une action de communication qu’on a faite la semaine derniĂšre. Et donc, effectivement, c’est vĂ©ritablement essayer de couper par rapport à ça et trouver un Ă©quilibre, surtout, entre la vie qu’on a Ă Nantes, perso, et la vie pro, et de ne pas essayer de mĂ©langer un peu, trop en tout cas, et d’avoir cette distinction. [Gwen] TrĂšs bien. Est-ce que, Ă l’inverse, tu aurais des erreurs Ă ne pas commettre, des travers qu’on a vite fait de faire et qui nous empĂȘchent, justement, de dĂ©connecter ? [Alexandre] Administrer avec ses comptes persos, les comptes de la ville, par exemple. Moi, je l’ai fait pendant des annĂ©es, et effectivement, le travail, symboliquement, en fait, dans un fil d’actu, dans un fil sociaux, les postes pro, on se mĂ©lange avec le perso. Enfin, tout est la veille aussi, ça se mĂ©lange, et trouver, du coup, un moyen d’administrer ses comptes de maniĂšre vraiment pro, et d’Ă©viter, du coup, sur ses comptes persos d’avoir ses comptes pros.Je pense que c’est quelque chose, en tout cas, qu’on a mis en place, une fois que l’Ă©quipe Ă©tait vraiment structurĂ©e, avec les derniers recrutements et tout, parce que je voyais bien qu’au bout d’un moment, ça dĂ©borde, quoi. Enfin, on est perdus dans les notifs, perdus dans les… Enfin, voilĂ , il y a un mĂ©lange qui est assez difficile, du coup, aprĂšs, au quotidien.
Donc, voilĂ , un exemple de notifs.
[Bryan] C’est intĂ©ressant ce que j’ai dit, parce que ça me fait penser Ă un autre dĂ©bat qu’on a eu en interne chez nous. Alors, c’Ă©tait pas trop un dĂ©bat, c’Ă©tait plutĂŽt des moqueries envers moi, envers ma personne, Ă©videmment. La derniĂšre fois, MarlĂšne me faisait remarquer que je ne suivais pas nos clients sur les rĂ©seaux sociaux.Alors, je disais, bon, tout ne m’intĂ©resse pas forcĂ©ment. J’adore nos clients, mais tout ne m’intĂ©resse pas forcĂ©ment. Et surtout, moi, ça me permet aussi de me prĂ©server, quoi.
Enfin, sur mon fil, j’ai que les choses qui m’intĂ©ressent et qui me ramĂšnent pas forcĂ©ment sur le pro. Enfin, voilĂ . Donc, effectivement, je pense qu’il y a une des erreurs, aussi, que beaucoup de CM peuvent peut-ĂȘtre ĂȘtre amenĂ©es Ă commettre, c’est de suivre leur propre compte, ou le compte de leur client.
Bon, voilĂ .
[Gwen] En fait, si ça t’intĂ©resse vraiment Ă titre perso… [Bryan] Moi, j’ai des clients que je suis parce que ça m’intĂ©resse Ă titre perso, mais voilĂ , c’est OK, quoi. C’est volontaire, mais par contre, nos clients, je n’ai pas forcĂ©ment d’intĂ©rĂȘt pour le sujet, mĂȘme si dans le boulot, ça me plaĂźt, mais Ă titre personnel, moins, et du coup, je ne les suis pas. Je pense que ça, aussi, ça peut ĂȘtre aussi un bon moyen d’arriver Ă couper, de ne pas systĂ©matiquement tout suivre de ce que font les clients. [Alexandre] Ou de s’actualiser en se disant LinkedIn, je suis le pro, et c’est ma veille, et voilĂ , sur Insta, je vais faire autre chose, et essayer d’avoir comme ça une distinction, aussi, par rĂ©seau. VoilĂ , ça peut ĂȘtre aussi une solution, quoi. [Gwen] C’est vrai que moi, LinkedIn, quand je suis en week-end ou en vacances, je n’ouvre jamais. Twitter, aussi, d’ailleurs. [Alexandre] Et pourtant, nous, on voit, justement, que beaucoup de gens ne dĂ©connectent pas, parce que sur LinkedIn, on a une audience qui est assez forte le week-end, sur des sujets qui sont quand mĂȘme parfois techno, pas forcĂ©ment trĂšs grand public, souvent quand mĂȘme assez engageants, parce qu’on est sur LinkedIn, donc on a un positionnement qui est quand mĂȘme liĂ©, aussi, Ă des sujets oĂč, voilĂ , on sollicite, aussi, notre communautĂ© pour qu’elle s’engage sur les diffĂ©rentes thĂ©matiques, mais on voit qu’on a beaucoup d’audience le week-end, alors qu’effectivement, on se dit comme ça, spontanĂ©ment, que c’est plutĂŽt du lundi au vendredi, que les gens sont sur LinkedIn. [Bryan] On a la mĂȘme chose, nous, au mois d’aoĂ»t, de plus en plus, on observe, pour nos clients, une audience quand mĂȘme assez consĂ©quente au mois d’aoĂ»t. Alors, ça pose quand mĂȘme question, parce que ça veut justement dire qu’il y a beaucoup de personnes qui n’arrivent pas Ă couper, parce que le mois d’aoĂ»t, c’est quand mĂȘme le mois oĂč la plupart des Français prennent des vacances, et souvent, on dit Ă nos clients, bon, il faut lever le pied, mais pas totalement arrĂȘter, et mĂȘme si on lĂšve le pied, on se rend compte qu’il y a quand mĂȘme encore de la performance au mois d’aoĂ»t. C’est un point, quand mĂȘme, qui est pas nĂ©gligeable. [Gwen] Est-ce que tu aurais une anecdote professionnelle Ă nous raconter, en lien avec le sujet du jour ? [Alexandre] Alors, une anecdote, c’est un moment assez fort d’Ă©quipe, justement. Comme beaucoup de monde, ça a Ă©tĂ© la derniĂšre rĂ©volution un peu pro-perso, ça a Ă©tĂ© la crise sanitaire et le premier confinement. Et du coup, nous, on a eu la mise en place, tout d’un coup, d’une organisation qui a un peu bouleversĂ© notre quotidien, et puis, tout d’un coup, on n’avait plus de sujet puisque tout s’est arrĂȘtĂ©, donc tous les sujets de la collectivitĂ© Ă©taient un peu mis en stand-by, c’Ă©tait le focus sur la crise sanitaire, l’information usagĂ©e urgente liĂ©e au confinement, et globalement, voilĂ , le sujet de santĂ© publique et tout.Et donc, il a fallu tous rentrer chez soi, tĂ©lĂ©travailler, s’organiser, tĂ©lĂ©travailler, nous n’Ă©tions pas mis en place, on avait des outils, mais rien n’Ă©tait encore trop structurĂ© pour travailler tous Ă distance. Donc, on a dĂ» s’organiser, et en fait, on a passĂ© beaucoup de temps Ă s’organiser, beaucoup de temps Ă communiquer Ă distance, et en fait, pris dans le quotidien, les premiers jours, on a tous travaillĂ© Ă©normĂ©ment, vĂ©ritablement, et en mĂȘme temps, il fallait organiser sa vie perso. Et en fait, c’est lĂ oĂč moi, j’ai vraiment…
Ăa a Ă©tĂ© un peu la sonnette d’alarme, en disant qu’il va falloir… On ne sait pas combien de temps ça va durer, dĂ©jĂ , et lĂ , il va falloir vĂ©ritablement s’organiser. C’est pas comme le week-end oĂč, de temps en temps, tu vas avoir tes mails, ou tout.
LĂ , concrĂštement, il va falloir vraiment distinguer la vie pro et la vie perso, s’organiser pour accorder du temps Ă sa vie perso, parce qu’on a les enfants Ă la maison, parce que tout le monde est Ă la maison, et qu’il faut que la vie continue. Et en mĂȘme temps, la vie pro est en chantier, lĂ , en fait. Il y a tout Ă mettre en place.
C’est vrai que me retrouver Ă 22h, encore sur mon ordi ou sur mon tĂ©lĂ©phone, avec des collĂšgues, sur des groupes WhatsApp, Ă un moment donnĂ©, sur les premiers jours, on s’est tous dit, c’Ă©tait vraiment la sonnette d’alarme, je me suis dit, lĂ , il va falloir couper et s’organiser, et trouver un rythme qui soit tenable, viable, dans le temps. Donc lĂ , c’Ă©tait la coupure nette pour moi. Et aprĂšs, on a Ă©changĂ© avec les collĂšgues pour que les personnes, parce qu’en fait, on avait des personnes qui Ă©taient rĂ©fĂ©rentes, chez nous, sur la crise, et donc les rĂŽles, comme ça a Ă©tĂ© dĂ©fini.
Et en fait, on a trouvĂ© cette organisation-lĂ pour aprĂšs, que les autres puissent souffler, parce qu’on a beaucoup mis la contribution, on a eu Ă©normĂ©ment de questions sur les rĂ©seaux sociaux, forcĂ©ment, ça a Ă©tĂ© un avalanche de commentaires, de messages privĂ©s, de cas personnels, en fait, oĂč on devait trouver des solutions. Donc concrĂštement, on a essayĂ© de trouver une organisation qui a bien fonctionnĂ©, au final. Mais effectivement, le dĂ©part, je me souviens, le lundi, l’histoire quand on est rentrĂ©s chez nous tous, moi j’ai dĂ» travailler jusqu’Ă minuit avec beaucoup de choses Ă faire.
Et jour suivant, aprĂšs, ça s’est mis en place. C’Ă©tait une pĂ©riode, lĂ , l’enjeu de la dĂ©connexion a Ă©tĂ© hyper fort.
[Bryan] C’est lĂ oĂč on voit que ça se prĂ©pare, ça s’organise, ça se structure. Il ne s’agit pas juste d’appuyer sur un bouton en disant maintenant vous allez tous dĂ©connecter et vous allez tous prendre l’habitude de ne pas travailler en dehors de vos horaires de boulot. Ce n’est pas juste une dĂ©claration comme ça.Il y a vraiment toute une organisation Ă mettre en place.
[Alexandre] Quand on a un travail qui nous tient Ă cĆur, dans lequel on s’investit beaucoup, c’est vrai que c’est difficile de lĂącher. C’est difficile de partir en vacances en ayant pas mal fait son travail, mais en tout cas en sachant que tout n’est pas parfait et que les collĂšgues vont devoir prendre la main et qu’ils vont ĂȘtre galĂ©rĂ©s. Alors nous, encore une fois, on en revient Ă l’Ă©quipe, mais c’est vrai que c’est important pour nous tous au sein de l’Ă©quipe de bien transmettre les infos, qu’il y ait une continuitĂ© de service qui se fasse sans qu’il y ait la moindre accro.Donc ça, effectivement, c’est assez primordial aussi sur la charge mentale et le droit de couper. Et quand il y en a un qui a un coup de mou ou qui a des problĂšmes perso ou pro, les autres sont lĂ aussi pour prendre la main. Et aprĂšs, c’est vrai que c’est hyper important d’ĂȘtre outillĂ© et de pouvoir partager et d’anticiper.
C’est vrai que c’est primordial.
[Gwen] Ăa marche. Eh bien, je crois que c’est l’heure de la conclusion. Est-ce que tu pourrais conclure ce sujet en trois mots clĂ©s Ă retenir ou trois phrases importantes pour conclure ce sujet? [Alexandre] Alors, peut-ĂȘtre, ouais, des mots clĂ©s… Moi, j’avais pensĂ© Ă Ă©quilibre parce que pour moi, aprĂšs, chaque cas peut ĂȘtre potentiellement diffĂ©rent. Je parlais de travail et passion.AprĂšs, il faut trouver un juste milieu. Mais en tout cas, il faut rĂ©flĂ©chir Ă cet Ă©quilibre. Et lĂ oĂč on place le curseur de ce qui est acceptable ou pas, de voir cet Ă©quilibre aussi avec les collĂšgues, la hiĂ©rarchie, son entourage, que ce soit partagĂ© parce que des community managers qui sont un peu seuls Ă comprendre tout ce qu’ils font au quotidien et Ă ne pas partager avec le reste parce qu’on a l’impression que les autres ne comprennent pas trop ce qu’on fait.
C’Ă©tait souvent le cas sur le mĂ©tier de community manager. Ils passent leur temps sur Facebook et Instagram. Ils ne travaillent pas.
Et du coup, c’est important de partager ça, de placer ses limites et de les communiquer. Le deuxiĂšme mot, ça serait respiration. Vous trouvez vraiment des moments de respirer en dehors des rĂ©seaux, mĂȘme avec les rĂ©seaux, de trouver des moments, des espaces oĂč le travail, on le laisse de cĂŽtĂ© et on respire, on fait autre chose, on s’Ă©vade.
C’est important d’avoir ces temps-lĂ pour mieux revenir et d’ĂȘtre toujours motivĂ©. Parce que sinon, on risque l’overdose, on risque d’ĂȘtre saturĂ© et d’ĂȘtre hyper focus tout le temps sur ça. Personnellement, l’Ă©panouissement peut ĂȘtre un peu compliquĂ© sur la durĂ©e.
Attention Ă l’Ă©puisement au quotidien. Et puis, le dernier mot, je l’ai pas mal dit, Ă©quipe. On parlait des contributeurs, c’est pas forcĂ©ment une Ă©quipe rĂ©seau-sociaux ou une Ă©quipe mĂȘme de communicants, mais de partager avec d’autres collĂšgues les enjeux, les contraintes et de partager la charge aussi.
Aujourd’hui, les rĂ©seaux sociaux, c’est plus comme avant, c’est plus, comme il y a 10 ans, juste l’affaire d’experts ou de jeunes, ou du stagiaire qui est le seul Ă comprendre ce qui se passe. Aujourd’hui, c’est collectif, c’est vĂ©ritablement des mĂ©dias. Et puis en plus, il y a beaucoup de compĂ©tences qui peuvent ĂȘtre associĂ©es au rĂ©seau.
Donc c’est bien de partager toute la charge que ça entraĂźne. Pas simplement avoir que quelques experts ou un expert au sein de l’entreprise ou de la collectivitĂ© ou de l’agence.
[Bryan] C’est hyper intĂ©ressant la notion d’Ă©quipe. On y a beaucoup revenu et c’est vrai que ce que tu dis, c’est ce qu’on dit aussi beaucoup Ă nos clients, nos prospects, c’est qu’en fait, quand on va prendre en main les rĂ©seaux sociaux d’une marque, d’une collectivitĂ©, peu importe, on en devient son porte-parole. Donc Ă une Ă©poque, on le fait toujours, on forme les portes-paroles qui vont Ă la tĂ©lĂ©.Pourquoi on ne formerait pas et on ne prendrait pas avec sĂ©rieux les gens qui vont prendre la parole sur les rĂ©seaux sociaux quand on sait que c’est une caisse de rĂ©sonance qui est quand mĂȘme assez importante.
[Alexandre] Oui, et puis que ce soit, on pense souvent Ă l’animation, mais l’irrĂ©putation par exemple, et le contact et la proximitĂ© se fait beaucoup amener Ă la modĂ©ration. Le bĂ©nĂ©fice en fait, parce que l’animation, elle peut ĂȘtre souvent targuĂ©e aussi de communication un peu descendante, ou alors mĂȘme quand on fait des publications un peu engageantes, on dit que c’est pour quelque chose d’un peu gratuit, ils veulent susciter du like, du commentaire, et puis c’est tout, c’est pas trĂšs sincĂšre en tout cas. Alors que la modĂ©ration, c’est sincĂšrement ce qu’une marque ou ce qu’une collectivitĂ© peut faire de plus sincĂšre.Et puis ça lui permet aussi de pousser des contenus, de mettre en avant des idĂ©es, des engagements, et effectivement, ça c’est un travail collectif. Ăa ne peut pas ĂȘtre le travail d’une seule personne qui va connaĂźtre l’entreprise par cĆur, ou la collectivitĂ© par cĆur, et qui va pouvoir rĂ©pondre du tac au tac. Ăa se construit, effectivement, et ça se partage pour aussi trouver des nouveaux angles, potentiellement, des maniĂšres de communiquer qui viendraient de quelqu’un qui n’a rien Ă voir avec les rĂ©seaux sociaux et qui a dit, ah, moi j’ai pensĂ© à ça.
Pour rĂ©pondre, on pourrait pousser tel ou tel sujet. Et nous, ça nous arrive aussi souvent quand mĂȘme, d’avoir des rĂ©ponses apportĂ©es aux internautes, qui ne sont pas simplement le fruit de l’Ă©quipe rĂ©seau social et tout, c’est un travail avec les services, avec le cabinet, et on construit ça un peu collectivement. Parce que c’est effectivement, comme tu dis, c’est aussi la voie de la collectivitĂ©, et un commentaire, une rĂ©ponse peut ĂȘtre reprise trĂšs largement.
Ah, ils ont répondu ça, vous avez vu. Ah, ils prennent position. Bien sûr.
C’est pas nĂ©gligeable.
[Gwen] TrĂšs bien. Eh bien, merci beaucoup Ă toi. [Alexandre] Merci Ă vous de nous avoir accueillis. [Gwen] C’est toi qui nous as accueillis aujourd’hui. [Alexandre] Oui, c’est vrai. [Gwen] Dans tes bureaux. Merci beaucoup Ă toi de nous avoir invitĂ©s. je vais te dire peut-ĂȘtre Ă bientĂŽt pour un prochain Ă©pisode du POD, on sait jamais. [Alexandre] Avec plaisir en tout cas. [Gwen] Pour un prochain sujet. Bonne journĂ©e Ă toi aussi Bryan. [Bryan] Bonne journĂ©e Ă tous les deux. [Gwen] Et puis, Ă bientĂŽt pour un prochain Ă©pisode du POD. Nous sommes ravis de savoir ce que vous aimez, ce que nous pourrions amĂ©liorer, les thĂ©matiques qui vous intĂ©ressent ou les invitĂ©s que vous voudriez entendre. Merci beaucoup pour cet Ă©change, je vous dis Ă trĂšs bientĂŽt pour un nouvel Ă©pisode du POD.