Après avoir définit l’intelligence économique, précisé les éléments ayant aboutis à la mise en place de la PPIE, et avoir présenté son développement au sein des entreprises françaises, je vous propose une réflexion synthétique autour des enjeux de la mise en place d’une démarche d’intelligence économique.
Cet article est une synthèse de passages non-confidentiels de mon mémoire de fin d’étude. Certains points méritent donc probablement un approfondissement et des discussions. Ainsi, n’hésitez pas à commenter ou à poser vos questions à la fin de l’article dans la partie réservée à cet effet. Les autres articles issus de mon mémoire sont accessibles ici.
« The good news is that everything is on the Internet. The bad news is that everything is on the Internet » – (Wachbroit, 2004)
Cette citation résume à elle seule les enjeux d’une démarche IE globale et transversale, nécessitant de déployer à la fois :
- des moyens de surveillance continue de l’environnement, facilité entre autre par le développement d’Internet ;
- une sensibilisation et une politique interne de protection du patrimoine informationnel.
En effet, il est désormais très simple de trouver de l’information via internet, les internautes devenant consommateur et créateur de contenu. Mais cette facilité à collecter implique de définir le besoin précis en information (au risque de sur-information, ou d’infobésité), tout en développant une politique de protection des informations ; il serait alors incohérent de collecter de l’information stratégique, si celle-ci est accessible pour des concurrents ou des parties prenantes opposées à la réalisation d’un projet.
Cette double étape de collecte/protection est fondamentale pour remédier à ce que j’ai nommé le « paradoxe de la cloison », que l’on retrouve dans un grand nombre d’organisation : à quoi bon prendre conscience de la nécessité de sécuriser sa propre information lorsque l’on a soi-même du mal à en obtenir activement ?
De plus, implanter une démarche d’intelligence économique revient avant tout à définir un système structuré. Celui-ci permet un cycle fonctionnel de l’information, de sa captation à son utilisation pour action, en passant par sa sécurisation. Une démarche parcellaire du déploiement des composantes de l’IE (veille, protection, influence) apparaitra alors inopérante, voire risquée. Quelle serait alors l’utilité d’une veille si elle n’est pas utilisée pour action ? Quelle serait la pertinence d’un processus de capitalisation des connaissances s’il est accessible simplement par contournement légal par les concurrents ?
La démarche d’intelligence économique résulte alors d’une réponse complète à un besoin stratégique ; elle ne peut pas être initiée sur simple lubie ou sur un fantasme de la collecte généralisée de toute information, en tout lieu et en tout temps. En ce sens, une démarche initiée sur de telles motivations pourrait très vite devenir un facteur de risque élevé pour l’entreprise : que ferait un concurrent ayant connaissance de cette collecte tout azimut ? Il y a fort à parier que celui-ci irriguerait l’organisation en masses de données[1] blanches dans l’optique d’aboutir à sa cécité stratégique (Fayard, 2000) afin d’avancer plus vite et plus sereinement.
SOURCES :
- FAYARD, Pierre, 2000. La maîtrise de l’interaction: l’information et la communication dans la stratégie. S.l. : 00h00. ISBN 9782745403056.
- WACHBROIT, Robert, 2004. Reliance and Reliability: The Problem of Information on the Internet. In : GEHRING, Verna (éd.), The Internet in Public Life. S.l. : Rowman & Littlefield. p. 29 à 41. ISBN 9780742542341.