Notes de lâĂ©pisode 29 du pOD : pour ce vingt-neuviĂšme Ă©pisode, nous Ă©changeons ensemble sur la question de lâinformation Ă destination des jeunes via les rĂ©seaux sociaux. Retrouvez ci-dessous les principaux Ă©lĂ©ments abordĂ©s durant cet Ă©pisode (pour rappel, ce sont des notes đ), ainsi que diffĂ©rents liens et ressources utiles pour approfondir votre rĂ©flexion.
Sommaire
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Avant-propos
Pourquoi est-ce quâon aborde ce sujet ? Aujourdâhui, les rĂ©seaux sociaux sont un vrai carrefour de lâattention.
En effet, (presque) tout le monde a déjà utilisé un réseau social au moins une fois dans sa vie, quel que soit son ùge :
- 80% de la population française est active sur les rĂ©seaux sociaux (Ă©tude We are social – 2022) ;
- un jeune sur deux sâinforme via les rĂ©seaux sociaux (baromĂštre Kantar – 2021)
Câest pourquoi nous nous sommes dits quâil y avait un sujet intĂ©ressant Ă creuser. Et pour cet Ă©pisode, nous avons invitĂ© Pierre-Adrien Roux qui est responsable de la communication et des projets numĂ©riques Ă Info Jeunes Pays de la Loire. Avec son expĂ©rience sur le sujet, nous avons forcĂ©ment pensĂ© Ă lui pour cet Ă©pisode đ
Les intervenants sur cet Ă©pisode de podcast sont donc :
- Gwen, chef de projet social media Ouest Digital
- Bryan, co-fondateur Ouest Digital
- Pierre-Adrien, invité
Axe 1 – Info Jeunes Pays de la Loire : quâest-ce-que câest ?
« Info Jeunes Pays de la Loire est une association Ă mission de services publics. Cela veut dire quâon a un label d’Ătat : le label information jeunesse. Il nous oblige Ă produire et Ă diffuser de lâinformation en direction des jeunes des Pays de la Loire. » – Pierre-AdrienÂ
Dans cet Ă©pisode, notre sujet s’oriente donc vers lâinformation des jeunes. Ici, les « jeunes » sont les personnes ayant entre 15 et 30 ans.
Lâobjectif, câest de leur parler des sujets qui les intĂ©ressent et les concernent, Ă savoir : lâorientation, la recherche de logement, lâemploi, la mobilitĂ© internationale, lâengagement, etc.Â
« Nous ne sommes pas des experts de tous les sujets que nous traitons, mais nous sommes un peu comme des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes de lâinformation. » – Pierre-AdrienÂ
La structure Info Jeunes est prĂ©sente pour accompagner les jeunes des Pays de la Loire dans leurs recherches dâinformations et les guider vers les bonnes personnes ou structures pour solutionner un problĂšme. Ce sont des intermĂ©diaires.Â
« Finalement, vous ĂȘtes un peu comme une chaĂźne dâinformations Ă destination des jeunes ? » – GwenÂ
La structure ne se considĂšre pas comme un mĂ©dia, mĂȘme sâils produisent de lâinformation. Ils ont un mĂ©tier trĂšs diffĂ©rent des journalistes.
En interne, les documentalistes font de la recherche et produisent de l’information au quotidien. Le label information jeunesse les oblige Ă diffuser de lâinformation qui soit exhaustive, fiable et gratuite. La passation dâinformations doit Ă©galement rester anonyme.
« Nous sommes une structure trĂšs soutenue par les pouvoirs publics, ce qui fait que nous nâavons pas cette obligation de coller Ă un besoin de notre clientĂšle, comme ça peut lâĂȘtre dans un mĂ©dia. » – Pierre-AdrienÂ
Axe 2 – Informer les jeunes via les rĂ©seaux sociaux : quelle stratĂ©gie adopter ?
« Depuis quelques annĂ©es, nos structures connaissent une baisse de frĂ©quentation physique. En revanche, nous sommes de plus en plus sollicitĂ©s via les rĂ©seaux sociaux. » – Pierre-AdrienÂ
Afin de solliciter lâaide dâInfo Jeunes, il est possible de se rendre dans leurs locaux qui sont ouverts au public. Mais aussi via leur site internet et les rĂ©seaux sociaux.Â
Mais alors, comment sâorganise leur communication sur les rĂ©seaux sociaux ?Â
1ïžâŁ La stratĂ©gieÂ
« Notre stratĂ©gie s’inscrit dans un travail dâĂ©quipe. Je suis responsable de la communication, mais autour de moi il y a diffĂ©rents mĂ©tiers. » – Pierre-AdrienÂ
Leur stratĂ©gie sâarticule autour :
- de diffĂ©rents mĂ©tiers : Les documentalistes font le travail de recherche et de centralisation de lâinformation. Les informateurs et informatrices jeunesse communiquent les informations. Et le responsable communication pilote lâensemble.
- de la temporalitĂ© : Dans lâannĂ©e il y a diffĂ©rentes temporalitĂ©s Ă ne pas manquer.
đĄ Par exemple : entre fĂ©vrier et mai, câest la pĂ©riode de la recherche de job dâĂ©tĂ©. Ou bien entre mai et aoĂ»t, câest la pĂ©riode de la recherche de logement.
Les diffĂ©rents mĂ©tiers se mettent dâaccord sur les temps forts annuels et vont ensuite segmenter les diffĂ©rents sujets pour rĂ©pondre aux questions que la cible peut se poser. En dĂ©coule la dĂ©finition du planning mensuel de publications. - des actualitĂ©s chaudes : Les Ă©quipes de documentalistes vont Ă©galement recevoir des actualitĂ©s dites âchaudesâ sur des informations importantes et qui viennent de tomber. Ils vont les partager avec les informateurs et informatrices jeunesse afin de les partager rapidement sur les rĂ©seaux sociaux.
2ïžâŁ La cible
« On ne raconte pas la mĂȘme chose Ă un jeune qui Ă 15 ans et Ă un jeune qui en a 28. »Â
Il est important de rĂ©flĂ©chir aux diffĂ©rentes façons de diffuser un message lorsque lâon sâadresse Ă une cible aussi large que celle-ci.
« Quand on sâadresse Ă un jeune sur le sujet de la recherche dâemploi, par exemple, il va avoir du mal Ă se projeter en mars sur ce quâil va faire pendant lâĂ©tĂ© suivant. Alors que les parents si. Câest pourquoi les cibles connexes sont trĂšs importantes avec ce public. » – Pierre-AdrienÂ
Les cibles connexes ont ainsi une grande importance Ă©galement.Â
Quand on sâadresse Ă des jeunes de 15 ans, sur ce genre de sujets, trĂšs souvent cela passe aussi par les parents et la communautĂ© Ă©ducative. Ils font donc indirectement partie de la cible et il ne faut pas les oublier.Â
3ïžâŁ Le choix des rĂ©seaux sociauxÂ
« Un jeune qui a envie de consulter les informations du mĂ©dia Le Monde va plutĂŽt passer par Snapchat que par lâapplication Le Monde. » – Pierre-AdrienÂ
Vous vous demandez certainement si Info Jeunes Pays de la Loire est prĂ©sent sur tous les rĂ©seaux sociaux, afin dâĂȘtre sĂ»r de capter lâentiĂšretĂ© de leur cible ? Et bien, non !
Ils sont prĂ©sents sur Facebook, car mĂȘme si ce rĂ©seau est un peu dĂ©laissĂ© par les jeunes, câest ici quâils vont toucher les cibles connexes (les parents).
De plus, les jeunes reviennent sur Facebook pour :
- s’inscrire sur des groupes notamment et recevoir de lâinformation. Exemple : groupes de recherche de logement ou dâemploiÂ
- contacter les mĂ©dias, marques et organismes via la messagerie Messenger.Â
« Investir un rĂ©seau social ça prend du temps. Donc il faut rĂ©flĂ©chir et ĂȘtre stratĂ©gique ! » – Pierre-AdrienÂ
Ils sont sur Instagram pour cibler des nantais, rĂ©sidents Ă Nantes mĂ©tropole.Â
Ils sont aussi présents sur LinkedIn et Twitter pour des questions partenariales et de réseau national.
Ils sont sur Youtube et Soundcloud car ils espÚrent pouvoir développer le podcast à terme.
« Bien sĂ»r on pourrait ĂȘtre prĂ©sents partout. Mais il faut avoir le temps dâalimenter tous les comptes. Ăa ne sert Ă rien d’ĂȘtre prĂ©sent sur une plateforme si on nâa pas le temps de sâen occuper ! » – Pierre-AdrienÂ
Ils ne sont pas sur TikTok et Snapchat. Et câest parfaitement volontaire.
Snapchat a Ă©tĂ© testĂ© il y a quelques annĂ©es. Mais cela nâa pas Ă©tĂ© concluant pour eux. Ă lâĂ©poque, sur Snapchat la partie information nâĂ©tait pas aussi dĂ©veloppĂ©e quâaujourdâhui.
Ce qui est intĂ©ressant, câest leur approche des rĂ©seaux sociaux ârefugesâ, qui explique aujourdâhui leur absence de Tiktok :
« Personnellement, je pense que les jeunes ont besoin de rĂ©seaux refuges. Ils ont dĂ©sertĂ© certaines plateformes oĂč leurs parents, grands-parents, mĂ©dias Ă©taient prĂ©sents et ils apprĂ©cient avoir des endroits Ă eux oĂč ils sont loin de tout ça et entre eux. » Pierre-AdrienÂ
4ïžâŁ Le choix des sujetsÂ
« La veille est un travail quotidien ! Les documentalistes sont en veille permanente avec des acteurs experts de chaque sujet que nous traitons. Ces personnes vont nous nourrir en informations. » – Pierre-AdrienÂ
La structure fait sa propre recherche dâinformation au quotidien auprĂšs dâexperts des diffĂ©rents sujets traitĂ©s.Â
De plus, ils peuvent ĂȘtre sollicitĂ©s pour partager des sujets qui viennent de paraĂźtre, mais ils n’ont aucune obligation de partager des informations sâils ne le souhaitent pas.Â
« Nous ne diffusons pas tout notre contenu sur nos rĂ©seaux sociaux. Nous retraitons les informations ! » – Pierre-AdrienÂ
Info Jeunes a beaucoup de supports pour expliquer et illustrer les diffĂ©rents sujets quâils traitent. Il faut donc sĂ©lectionner et retraiter les informations avant de les partager sur les rĂ©seaux sociaux.Â
Les rĂ©seaux sociaux sont, pour eux, une bonne porte dâentrĂ©e pour capter leur cible et pouvoir entrer en contact avec eux. Ils pourront par la suite Ă©changer plus en profondeur via Messenger ou en physique afin de solutionner leurs problĂšmes.Â
« Si je rĂ©sume : votre objectif est dâutiliser les rĂ©seaux sociaux comme porte dâentrĂ©e pour diriger vos cibles vers des contenus plus longs afin dâapporter une information plus dĂ©taillĂ©e. » – BryanÂ
Axe 3 – Conseils et astuces
Nos conseils pour informer les jeunes via les réseaux sociaux :
â Analyser et mesurer les performances de nos actions
On le rĂ©pĂšte dans presque tous nos Ă©pisodes (et mĂȘme nos invitĂ©s le disent), il faut comparer et analyser ce que lâon fait.
â Ătre rĂ©gulier dans sa communication
Ătre rĂ©gulier permet de rester prĂ©sent dans la mĂ©moire de ces cibles. De plus, les algorithmes des rĂ©seaux sociaux, privilĂ©gient la diffusion des contenus des comptes qui publient rĂ©guliĂšrement.Â
â Essayer dâimpliquer les jeunes dans la communication Ă destination des jeunesÂ
Quâest-ce que cela veut dire ? Ils essayent dâimpliquer les jeunes qui viennent Ă Info Jeune pour quâils partagent leur expĂ©rience et quâils parlent de la structure autour dâeux.Â
đĄ Par exemple : Tourner un tĂ©moignage vidĂ©o.Â
Il nây a pas de secret, la communication de pair Ă pair est toujours beaucoup plus impactante quelle que soit la cible.
â Faire attention au ton que lâon emploie
Quand on veut sâadresser aux jeunes, rien ne sert dâutiliser le langage des jeunes. On peut vite se prendre un retour de bĂąton (expĂ©rience vĂ©cue par Pierre-Adrien).Â
Une structure avec un label dâEtat, qui partage des informations sĂ©rieuses ne peut pas se permettre dâadopter un ton qui ne lui ressemble pas.Â
Nâoublions pas quâaux yeux de notre cible, câest la structure qui prend parole sur les rĂ©seaux sociaux et pas les Community managers de 24-25 ans qui sont derriĂšre đÂ
Ă lâinverse, voici les erreurs Ă ne pas commettre :
â Vouloir ĂȘtre partout
DĂ©jĂ il faut avoir la capacitĂ© dâĂȘtre partout, car câest un investissement temps non nĂ©gligeable.
Ensuite, cela peut-ĂȘtre une erreur de vouloir ĂȘtre un peu partout. Car ĂȘtre partout Ă la fois, pour beaucoup, cela induit de nây ĂȘtre quâĂ moitiĂ©.
Il vaut mieux dĂ©penser de lâĂ©nergie sur les rĂ©seaux sociaux oĂč lâon est dĂ©jĂ prĂ©sent. Et si cela devient stratĂ©gique et que lâon a du temps Ă y passer, rĂ©flĂ©chir Ă aller sur une nouvelle plateforme.Â
â NĂ©gliger les textes inclusifs
Les jeunes sont assez impliquĂ©s sur ce sujet qui est assez naturel pour eux. Câest donc un point Ă ne pas nĂ©gliger, au risque de se faire reprendre.Â
Attention, il faut aussi penser Ă lâaccessibilitĂ©. LâĂ©criture inclusive n’est pas toujours accessible. Notamment sur lâutilisation du point mĂ©dian, qui nâest pas toujours comprĂ©hensible lorsque lâon utilise un assistant vocal.Â
Nous ne sommes pas lĂ pour entrer dans le dĂ©bat sur le point mĂ©dian. Mais nous vous recommandons dâadopter une rĂ©daction la plus neutre et inclusive possible.
â ConsidĂ©rer la communication sur les rĂ©seaux sociaux comme « un truc en plus »Â
Nous lâentendons trĂšs souvent : « Je mâoccupe des rĂ©seaux sociaux, quand jâai le temps ». C’est-Ă -dire : jamais !Â
Si vous vous organisez comme cela, vos contenus et la pertinence de vos messages vont perdre en qualitĂ©.Â
Et câest justement ce quâInfo Jeunes dĂ©fend avec « Les Promeneurs du net ». Câest un dispositif national dĂ©ployĂ© en France en 2012 dans le but dâassurer une prĂ©sence Ă©ducative sur Internet.Â
Pour conclure ce sujet
Les maĂźtres mots pour conclure :Â
- AdaptabilitĂ© : avec une cible jeune, ça bouge trĂšs vite. Il faut donc savoir adapter ce qu’on fait et comment on le fait en permanence.Â
- Anticipation : il est important de sâinformer et de rĂ©flĂ©chir aux contenus que lâon va valoriser auprĂšs de sa cible.
- Ăducation : ils ont Ă cĆur dâĂ©duquer les jeunes Ă savoir trouver les bonnes informations et reconnaĂźtre les plateformes fiables.Â
Transcription de l’Ă©pisode
[Gwen] Bonjour et bienvenue sur Le Pod, le podcast qui dĂ©cortique les problĂ©matiques des mĂ©dias sociaux avec une dose de stratĂ©gie proposĂ©e par l’agence Ouest Digital. Pendant une demi-heure, parfois plus, nous Ă©changeons ensemble sur les mĂ©tiers liĂ©s Ă la communication digitale. Savoir-faire, conseils, bonnes ou mĂȘmes mauvaises pratiques du mĂ©tier, on se dit tout, et on partage nos approches, nos trucs et astuces pour ĂȘtre le plus efficace au quotidien.Dans l’Ă©pisode d’aujourd’hui, je suis accompagnĂ©e de Bryan et de Pierre-Adrien, et nous allons vous parler d’informations Ă destination des jeunes via les rĂ©seaux sociaux, quelles plateformes investir et quelles stratĂ©gies adopter. Un dernier mot, si ce podcast vous plaĂźt, pensez Ă vous abonner sur votre plateforme d’Ă©coute prĂ©fĂ©rĂ©e pour ĂȘtre sĂ»r de ne rater aucun Ă©pisode. Allez, je vous laisse, c’est parti !
Bonjour et bienvenue dans ce 29e Ă©pisode du Pod. Alors aujourd’hui, nous allons parler d’informations via les rĂ©seaux sociaux. Et pour aborder ce sujet, je suis avec Bryan.
Bonjour Bryan.
[Bryan] Bonjour Gwen. [Gwen] Mais Ă©galement avec notre invitĂ© du jour, Pierre-Adrien, qui est directement concernĂ© par ce sujet, puisqu’il est le responsable de la communication et des projets numĂ©riques Ă Infojeune, pays de la Loire. Alors, avant de poursuivre, Pierre-Adrien, est-ce que tu pourrais te prĂ©senter Ă nos auditeurs ? [Pierre-Adrien] Bonjour, donc Pierre-Adrien Roux. Effectivement, je suis responsable communication Ă Infojeune, pays de la Loire et responsable des projets numĂ©riques de cette association. Grosso modo, je porte la communication de l’activitĂ© locale de cette association Ă Nantes, la communication institutionnelle aussi de cette association sur un territoire rĂ©gional.Et puis j’essaye d’impulser des projets d’Ă©ducation aux mĂ©dias et aux pratiques numĂ©riques en direction des jeunes. Et j’ai Ă©galement un volet de formation auprĂšs des professionnels sur le sujet qui nous intĂ©resse aujourd’hui, l’information des jeunes sur les rĂ©seaux sociaux.
[Gwen] TrĂšs bien. Merci beaucoup pour cette prĂ©sentation. Bryan, est-ce que tu pourrais nous dire en quelques mots pourquoi est-ce qu’on a choisi d’aborder ce sujet aujourd’hui ? [Bryan] Alors oui, dĂ©jĂ , il faut quand mĂȘme dire une chose qu’on ressent probablement au quotidien, mais c’est important de le dire. Les rĂ©seaux sociaux aujourd’hui, c’est quand mĂȘme un vrai carrefour. C’est un carrefour de l’attention.On peut presque dire que tout le monde, Ă un moment donnĂ©, a utilisĂ© au moins une fois un rĂ©seau social dans sa vie, quel que soit son Ăąge. D’ailleurs, si on regarde quelques chiffres, on a une Ă©tude de OuĂŻa Social qui sort tous les ans, qui est sortie lĂ rĂ©cemment en fĂ©vrier, qui nous montrait bien qu’Ă peu prĂšs 80% de la population en France Ă©tait active sur les rĂ©seaux. Donc on voit bien que c’est quand mĂȘme important aujourd’hui dans notre quotidien.
Et puis, au-delĂ de ça, ça reprĂ©sente quand mĂȘme presque deux heures par jour sur les rĂ©seaux sociaux, donc ce n’est pas nĂ©gligeable. Et quand on regarde d’un peu plus prĂšs, on se rend compte aussi que quasiment un jeune sur deux, ça c’est le baromĂštre Cantart 2021 qui nous le dit, s’informe via les rĂ©seaux sociaux numĂ©riques. Donc ça, c’est aussi ce qui fait qu’aujourd’hui, on ne peut pas parler des rĂ©seaux sociaux sans parler d’informations sur les rĂ©seaux sociaux.
Et d’ailleurs, Ă fortiori, pour les jeunes. Donc c’est ça qu’on se propose d’aborder aujourd’hui.
[Gwen] TrĂšs bien, merci beaucoup pour cette prĂ©sentation trĂšs complĂšte. Du coup, je vous propose qu’on rentre dans le vif du sujet. Donc, Pierre-Adrien, pour qu’on comprenne bien de quoi est-ce que l’on parle dans cet Ă©pisode, est-ce que tu pourrais nous prĂ©senter rapidement Infojeune ? [Pierre-Adrien] Alors, Infojeune Pays de la Loire est une association. On est une association Ă mission de service public. C’est-Ă -dire qu’on a un label d’Ătat, qui est le label Information Jeunesse, et qui nous oblige Ă diffuser de l’information, Ă produire et Ă diffuser de l’information en direction des jeunes des Pays de la Loire.Alors les jeunes, c’est de 15 Ă 30 ans, donc c’est trĂšs, trĂšs vaste. Ăa prend du coup diffĂ©rentes facettes, Ă©videmment, les informations qu’on va donner, mais on va essayer de les informer sur des sujets qui les touchent particuliĂšrement dans leur vie quotidienne, que ce soit le logement, l’orientation, l’emploi, mais aussi la mobilitĂ© internationale, l’engagement ou encore la santĂ©, qui est une entrĂ©e assez importante. Alors, on n’est pas des experts de toutes ces thĂ©matiques, je tiens Ă le prĂ©ciser tout de suite.
Par contre, j’aime bien cette comparaison, on dit qu’on est des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes de l’information. VoilĂ , on fait un premier diagnostic, des jeunes viennent nous voir, on commence Ă leur donner les primo-informations et puis aprĂšs, on va surtout renvoyer vers des acteurs du territoire rĂ©gional, ou de Nantes, qui sont, eux, spĂ©cialistes de cela. Donc, on est une association, on a cette mission-lĂ , mais on a d’autres missions aussi.
On a une mission de coordonner un rĂ©seau rĂ©gional puisque derriĂšre Infojeune Pays de la Loire, il y a une soixantaine de structures, les structures Infojeune, qui sont rĂ©parties sur l’ensemble de la rĂ©gion Pays de la Loire et qui ont soit un statut associatif, soit un statut municipal, qui sont des extensions de services municipaux. Cela reprĂ©sente Ă peu prĂšs une centaine de professionnels sur les Pays de la Loire. Donc, on doit coordonner tous ces professionnels, former tous ces professionnels.
Ăa, c’est la deuxiĂšme mission. Et puis, notre troisiĂšme mission, ça va ĂȘtre ce qu’on appelle chez nous l’activitĂ© locale, donc tout ce qui se passe Ă Nantes, puisque nous sommes basĂ©s Ă Nantes, oĂč on a un espace d’accueil. On va informer en direct les jeunes avec ce qu’on aura produit comme information au prĂ©alable, alors physiquement, ou justement ce qui va nous intĂ©resser sur d’autres territoires.
On a notamment un site web, infojeune.fr, qui comprend Ă peu prĂšs 80 000 visiteurs par mois, ce qui est assez… Enfin, on est relativement satisfaits de cette audience au regard de la typologie de contenu qu’on a sur ce site. Et puis aussi sur les rĂ©seaux sociaux, donc c’est le sujet dont on va parler aujourd’hui.
De plus en plus, évidemment, on nous interpelle sur les réseaux sociaux et on va informer en direct les jeunes. Nos structures connaissent un petit peu, depuis quelques années, une petite baisse de fréquentation physique. Par contre, les sollicitations sur ces espaces-là sont de plus en plus importantes.
Et juste pour finir la prĂ©sentation d’Infojeune Pays de la Loire, on s’inscrit dans un rĂ©seau national, qui est le rĂ©seau Infojeune France, qui reprĂ©sente Ă peu prĂšs 1 300 structures sur l’ensemble du territoire national et qui ont tous ce point commun d’ĂȘtre labellisĂ©es informations jeunesse avec les missions que je viens de vous dĂ©crire.
[Bryan] ConcrĂštement, je suis jeune, j’ai une problĂ©matique, je me pose une question sur un sujet qui me concerne nettement. Quand je dis que je suis jeune, c’Ă©tait il y a plusieurs annĂ©es. Je ne suis pas dans les 15-30 ans malheureusement.C’est un Ă©tat d’esprit. Comment je fais ? Comment je connais Infojeune et comment je me tourne vers Infojeune ?
[Pierre-Adrien] Justement, par le maillage territorial qu’on a, on a des chances d’avoir une structure Infojeune. Je prĂ©cise, il n’y a encore pas trĂšs longtemps, on appelait ça des criches, des piges, des cygnes. C’est une appellation qui est encore un petit peu connue, mais on a changĂ© d’identitĂ© rĂ©cemment.Il y a un maillage oĂč, normalement, il y a quand mĂȘme une soixantaine de structures en rĂ©gion Pays de la Loire, donc quand mĂȘme une prĂ©sence assez forte dans les communes d’une certaine importance et puis aussi dans les petites communes. Dans les petites communes, c’est vite repĂ©rĂ©, en gĂ©nĂ©ral, il y a de la communication et donc franchir le pas de la porte du pige, c’est aussi liĂ© Ă un ensemble de propositions en gĂ©nĂ©ral municipales sur une politique jeunesse qui est dĂ©veloppĂ©e au niveau municipal. C’est relativement visible.
Donc, vous ĂȘtes jeune, tu es jeune, Bryan, tu peux franchir la porte de ces structures, mais Ă©galement faire des recherches sur le web, nous trouver, nous trouver sur les rĂ©seaux sociaux et nous, en l’occurrence, on est prĂ©sents sur plusieurs rĂ©seaux sociaux, donc on nous retrouve assez facilement.
[Bryan] Ok, vous occupez tout le terrain qui est possible et qui peut, du coup, atteindre le public jeune. [Pierre-Adrien] Tout le terrain, non, parce qu’on a aussi des moyens limitĂ©s et si je reste sur la question des rĂ©seaux sociaux, on n’est pas sur tous les rĂ©seaux sociaux, on va en parler aussi tout Ă l’heure sur voilĂ , est-ce qu’il faut aller sur Instagram, sur Snapchat, sur TikTok, sur voilĂ , il y a des vraies stratĂ©gies qui sont rĂ©flĂ©chies peu au coup par coup, mais voilĂ , on essaye d’ĂȘtre assez prĂ©sents et de communiquer auprĂšs des jeunes pour se faire connaĂźtre tout simplement et faire connaĂźtre nos services. [Gwen] Alors moi, je me posais une question, parce que tout Ă l’heure, tu disais que vous Ă©tiez un petit peu des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes de l’information. Moi, de ce que tu me dis, j’ai l’impression que vous ĂȘtes un peu comme un mĂ©dia ou comme une chaĂźne d’infos. Est-ce que pour toi aussi ? [Pierre-Adrien] TrĂšs bonne question. Moi, j’ai tendance Ă penser ça. AprĂšs, trĂšs honnĂȘtement, l’information jeunesse, c’est quelque chose qui existe depuis 50 ans.Donc, on a un historique, on s’inscrit dans l’Ă©ducation populaire, on s’inscrit dans des valeurs, on s’inscrit dans des choses et rares sont les structures information jeunesse qui se perçoivent comme des mĂ©dias, ceci Ă©tant dans les faits, on produit de l’information, on la diffuse, voilĂ . Et de l’info fiable, sourcĂ©e, recoupĂ©e ? C’est lĂ oĂč il y a un distinguo Ă faire, c’est-Ă -dire qu’on a quatre documentalistes au sein de notre Ă©quipe qui vont produire de l’information au quotidien.
Une information, effectivement, ce label d’Ătat nous oblige Ă ce que ce soit une information exhaustive, fiable, gratuite et qu’on puisse la transmettre aussi de maniĂšre anonyme, c’est-Ă -dire que les Ă©changes qu’on va avoir avec les jeunes dans leur recherche d’information, elle est anonyme. Notamment sur des problĂ©matiques de santĂ© oĂč ça peut ĂȘtre trĂšs important. Ce sont des documentalistes et moi je vois bien la diffĂ©rence entre ce qu’est un documentaliste avec, par exemple, ce qu’est un journaliste.
La dĂ©marche n’est pas la mĂȘme. Moi j’ai Ă©tĂ© journaliste pendant dix ans, donc je vois bien le distingo. On n’est pas Ă prendre un sujet, Ă choisir un angle et Ă creuser cet angle.
On est Ă justement montrer sur un sujet donnĂ© toutes les possibilitĂ©s qui vont s’offrir aux jeunes. On ne va pas valoriser quelque chose plus que d’autres. Il y a toujours des choix.
MĂȘme dans les dĂ©marches, il y a toujours des choix dans la maniĂšre de prĂ©senter les choses, dans aussi comment on aborde des thĂ©matiques, il y a forcĂ©ment des choix. Moi, le cĂŽtĂ© objectif Ă 100%, je n’y crois pas quel que soit le mĂ©tier autour de l’information. NĂ©anmoins, la dĂ©marche est quand mĂȘme trĂšs diffĂ©rente d’une dĂ©marche journalistique.
On n’est pas du tout dans les mĂȘmes objets. Et puis, on est une structure trĂšs soutenue par les pouvoirs publics. Donc, pour ĂȘtre trĂšs transparent, 80% de nos revenus, de nos financements pardon, pas nos revenus, dĂ©coulent de pouvoirs publics.
Donc on n’a pas aussi cette obligation de coller Ă un besoin de notre clientĂšle, comme ça peut ĂȘtre le cas dans des journaux, dans des radios ou des tĂ©lĂ©s. Donc la dĂ©marche intellectuelle en termes de valeur, elle est trĂšs diffĂ©rente aussi. Donc oui, dans les faits, on est un mĂ©dia, mais culturellement, ce n’est pas pensĂ© comme ça.
[Bryan] Alors, c’est ça d’ailleurs qu’on trouve intĂ©ressant pour aborder le sujet et de te convier. C’est justement cette notion de finalement d’ĂȘtre quand mĂȘme un mĂ©dia. Alors certes, la façon de travailler n’est pas totalement la mĂȘme, mais il y a quand mĂȘme la notion de produire et diffuser l’information, ce qu’on voit d’ailleurs dans beaucoup d’entreprises privĂ©es aujourd’hui, qui cherchent aussi Ă devenir elles-mĂȘmes leurs propres mĂ©dias.Et donc, elles vont sĂ»rement se poser les mĂȘmes questions qu’on va aborder aujourd’hui. C’Ă©tait aussi un des points qui nous plaisait bien.
[Gwen] Alors justement, tu as commencĂ© un petit peu Ă en parler, mais moi, ça m’intĂ©resse de savoir comment est-ce que vous vous organisez en fait, pour votre prise de parole sur les rĂ©seaux sociaux. [Pierre-Adrien] Alors, c’est… C’est un travail d’Ă©quipe, dĂ©jĂ . Moi, je suis responsable de communication, mais autour de moi, il y a diffĂ©rents mĂ©tiers.Il y a les documentalistes que j’ai Ă©voquĂ©s, mais il y a aussi ce qu’on appelle les informateurs et les informatrices jeunesse. Ces personnes qui, justement, sont au contact des jeunes et qui vont devoir les informer. Et donc, c’est avec eux, en fait, qu’on doit travailler.
Ces informatrices jeunesse, techniquement, Ă Nantes, au Infojeune Pays de la Loire, Nantes, il y en a deux. Et elles ont aussi pour mission d’ĂȘtre prĂ©sentes sur les rĂ©seaux sociaux. Donc, on va Ă©laborer, si je reste sur le cadre de Nantes, je ne parle pas au niveau rĂ©gional, mais si je reste sur le cadre de Nantes, on va Ă©laborer une stratĂ©gie.
Je prends, par exemple, notre compte Instagram, oĂč on va se mettre d’accord sur une planification de publication sur, dĂ©jĂ , le choix des thĂ©matiques et des sujets en fonction des temporalitĂ©s des jeunes. Alors, ça, c’est la premiĂšre chose. C’est la clĂ©.
On pourrait revenir aussi sur le choix des rĂ©seaux sociaux, mais je pense qu’on y reviendra trĂšs bientĂŽt. Mais dĂ©jĂ , premiĂšre chose, aprĂšs le choix des rĂ©seaux sociaux, ça va ĂȘtre le choix des thĂ©matiques. On a des temporalitĂ©s.
En ce moment, par exemple, alors lĂ , on est en mai, au mois de mai, on est beaucoup sur les thĂ©matiques de logement, en fait, parce qu’aprĂšs l’Ă©tĂ©, les jeunes vont arriver, les Ă©tudiants vont arriver, et on a beaucoup de demandes lĂ -dessus. Il y a de fĂ©vrier Ă mars, on est beaucoup sur les thĂ©matiques de job d’Ă©tĂ©, de job pour l’Ă©tĂ©, de job pour les jeunes, voire de job Ă©tudiant aussi, parce qu’aussi, on est identifiĂ© sur ces thĂ©matiques-lĂ , donc on sait que les jeunes, ils vont nous interpeller lĂ -dessus. Donc, on va choisir dĂ©jĂ les sujets en commun sur lesquels on a envie de travailler.
AprĂšs, du coup, on se rĂ©partit un petit peu les rĂŽles. On se rĂ©partit un petit peu les rĂŽles avec les informatrices jeunesse, je dis informatrices parce que effectivement, ce sont deux femmes qui travaillent avec nous, qui vont effectivement produire des contenus sur les rĂ©seaux sociaux. Je vous donne un autre exemple, je vous parlais de logement il n’y a pas longtemps, et d’Instagram.
On a, par exemple, dĂ©veloppĂ© toute une semaine d’information, c’Ă©tait il y a quelques semaines de cela, toute une semaine d’information oĂč on se met d’accord avec les types de contenus que l’on veut produire. Alors, le logement, c’est quoi ? C’est comment on le recherche ?
Comment on le finance ? Qu’est-ce qui se passe en cas de conflit ? Vers qui je peux me retourner ?
VoilĂ , toutes ces questions-lĂ , on essaye de segmenter un petit peu la thĂ©matique, et puis on va se dire, ok, aujourd’hui, on va faire un carousel sur Instagram parce que le format marche bien, et puis parce que le format s’adapte bien Ă ce sujet-lĂ . Bon, on va le publier plutĂŽt en fin d’aprĂšs-midi, et puis en dĂ©but de journĂ©e, on aura publiĂ© une story qui est un petit peu sur cette sous-thĂ©matique-lĂ , mais en le traitant diffĂ©remment. Donc voilĂ , on Ă©tablit un planning, et puis, en fait, tous les mois, on fait ça.
C’est-Ă -dire qu’on Ă©tablit une sorte de planning de publication qui reflĂšte les besoins et les temporalitĂ©s des jeunes sur ces moments-lĂ . En fait, c’est reliĂ©, on peut presque considĂ©rer que ce sont presque des mois thĂ©matiques. Oui et non, parce qu’il y a des mois qui s’y prennent plus que d’autres.
Alors lĂ , je vous ai citĂ© des exemples trĂšs forts. Le logement et le job d’Ă©tĂ©, on est extrĂȘmement attendus lĂ -dessus. A la rentrĂ©e, on est attendus sur la dĂ©couverte de Nantes, par exemple.
Et puis aprĂšs, on ne reste pas figĂ© sur ces thĂ©matiques. On apporte aussi d’autres types de contenus en fonction des actualitĂ©s que justement l’Ă©quipe documentaliste va produire aussi.
[Bryan] En tout cas, ce qui est intĂ©ressant dans ce que tu dis, c’est quelque chose d’ailleurs qu’on a dans beaucoup d’Ă©changes sur d’anciens Ă©pisodes, mĂȘme avec des clients. Vous pensez d’abord Ă qui vous voulez vous adresser et les moments les plus opportuns pour leur adresser le contenu, parce que vous savez que c’est pertinent en mai de parler du logement, parce que c’est lĂ oĂč on se pose la question. Donc, vous vous posez d’abord la question de Ă qui je m’adresse et ensuite, vous allez dĂ©finir un plan.Exactement.
[Pierre-Adrien] On se pose dĂ©jĂ la question de la cible, effectivement, Ă qui on s’adresse. Mais ce n’est pas le tout de dire qu’on s’adresse Ă des jeunes de 15-30 ans. Parce que dĂ©jĂ , rien que la cible en tant que telle…On pourrait avoir des sous-cibles. VoilĂ , c’est ça. On ne raconte pas la mĂȘme chose Ă un jeune qui a 15 ans et Ă un jeune qui en a 28.
C’est Ă©vident. Et puis, au-delĂ du choix de cette cible principale et de comment on la considĂšre, c’est surtout le choix des cibles connexes, de tous les relais d’information. Parce qu’alors, Bryan, tu Ă©voquais en dĂ©but de podcast le contexte un petit peu informationnel qu’on a sur les rĂ©seaux sociaux.
Moi, je n’irais plus loin. On est dans un contexte de surcharge informationnelle. Ăa, ce n’est pas un scoop.
Dans lequel prolifÚre une désinformation. Voilà . Les exemples ne manquent pas.
Des informations qui ont des vraies consĂ©quences sur notre sociĂ©tĂ©. Des vraies consĂ©quences physiques. On peut rappeler le Capitole, on peut rappeler Donald Trump et tout ce qui s’est passĂ©.
Parce que c’est trĂšs symbolique comme exemple. Et donc… Et puis, des rĂ©seaux sociaux qui sont devenus plus ou moins le premier canal d’information des jeunes.
C’est-Ă -dire qu’un jeune, s’il a envie, je ne saurais pourquoi, aller consulter les contenus du monde, il va plutĂŽt passer par Snapchat que par l’application du Monde. Donc, on a ce contexte qui est quand mĂȘme trĂšs particulier et trĂšs fort. Du coup, j’ai oubliĂ© un petit peu la question que tu souhaitais me poser.
[Gwen] Moi, je voulais rebondir sur ce que tu disais. Parce que du coup, tu parlais de votre organisation en planning mensuel un petit peu. Et en fait, ça m’Ă©tonne.Parce que vu qu’on disait tout Ă l’heure que vous Ă©tiez un peu comme une chaĂźne d’infos, moi, je m’attendais Ă ce que tu me dises que finalement, vous Ă©tiez beaucoup sur du flux tendu, sur de l’info chaude Ă partager constamment.
[Pierre-Adrien] Il y a les deux. Puisque tu me parlais d’organisation et de comment on s’organise au sein de l’Ă©quipe, l’organisation, elle est beaucoup plus poussĂ©e, beaucoup plus forte sur des temporalitĂ©s rĂ©currentes. Mais effectivement, en parallĂšle, on est aussi sur du contenu chaud qui est produit, je l’ai juste Ă©voquĂ©, mais trĂšs rapidement, par notre Ă©quipe documentaliste, qui est plutĂŽt rĂ©active Ă tout ce qui se passe, Ă l’actualitĂ© qui va concerner les jeunes.Et lĂ , on pousse ces contenus-lĂ sur les rĂ©seaux sociaux aussi. Il y a vraiment cette double temporalitĂ©. Mais c’est nettement plus structurĂ©, nettement plus un travail d’Ă©quipe et de rĂ©flexion thĂ©matique sur les thĂ©matiques rĂ©currentes qui reviennent.
Je voulais juste revenir sur pourquoi je parlais du contexte sur charge informationnelle, etc. Tout ça, c’est des Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion sur ce qu’il y a en amont. On parlait du choix des cibles, on parlait des relais d’information.
Les relais d’information sont extrĂȘmement importants puisqu’on a ces jeunes qui, comme les moins jeunes, sont noyĂ©s dans cette masse d’informations et de dĂ©sinformations. Du coup, on sait trĂšs bien qu’on ne va pas systĂ©matiquement pouvoir les toucher en direct. Et on va aussi passer par un rĂ©seau de partenaires.
On va aussi passer par les parents. On va aussi passer par la communautĂ© Ă©ducative qui gravite autour de ces jeunes. Et c’est fondamental.
Je vous donnais l’exemple des jobs d’Ă©tĂ© tout Ă l’heure. En mois de mars, un jeune a plutĂŽt du mal Ă se projeter au mois de juillet en se disant « qu’est-ce que je vais faire ?
[Bryan] » Alors que ses parents, si. [Pierre-Adrien] Alors que c’est le moment. C’est le moment d’y aller. C’est le moment oĂč les entreprises recrutent.Par contre, les parents, oui. Donc, d’oĂč notre prĂ©sence encore sur des rĂ©seaux comme Facebook qui sont plus ou moins dĂ©laissĂ©s par les jeunes. C’est clair.
Avant de commencer l’Ă©pisode, dans ma tĂȘte, je me disais ils ne sont pas sur Facebook. C’est pas possible. Bien sĂ»r qu’on est sur Facebook.
DĂ©jĂ parce que tous les jeunes n’ont pas dĂ©sertĂ© Facebook. MĂȘme si effectivement les chiffres le montrent. DeuxiĂšmement, parce qu’en fait, ils reviennent une fois qu’ils ont passĂ© les 18, 19, 20 ans, ils reviennent un peu Ă Facebook pour X raisons.
Pour chercher justement un job, des fois. Pour chercher un logement, aussi, des fois. Pour appartenir Ă des groupes.
Je prends le groupe Facebook des Ă©tudiants de Nantes. Il est extrĂȘmement fort, extrĂȘmement important. Il y a beaucoup de monde.
Ils sont prĂ©sents sur Facebook. Plus ou moins passifs. MĂȘme si on redescend dans l’Ăąge, si on prend les prĂ©-ados et les ados, oui, non, ils ne sont pas sur Facebook.
Mais aprĂšs, ils ont tendance Ă y ĂȘtre.
[Bryan] On y revient pour d’autres raisons. [Pierre-Adrien] Mais ce qui est important pour nous, c’est d’ĂȘtre sur Facebook. On a rĂ©flĂ©chi Ă tout ça. On s’est demandĂ©, est-ce qu’on le supprime pas ?Comme ça, on gagne du temps sur autre chose. On compose comme ça. C’est d’intĂ©grer ces groupes Facebook.
C’est d’avoir la messagerie, parce que la messagerie Messenger, lĂ , pour le coup, elle est trĂšs, trĂšs utilisĂ©e. Et puis, c’est surtout de toucher des cibles connexes, et notamment les parents. L’exemple des jobs d’Ă©tĂ©, effectivement, on va publier des contenus pour annoncer les diverses actions que notre rĂ©seau fait sur les jobs d’Ă©tĂ© dĂšs fĂ©vrier, dĂšs mars.
Et qu’est-ce qu’on voit ? On voit des parents qui taguent leurs enfants. C’est assez simple Ă voir.
C’est le mĂȘme nom. Mais on voit des parents qui taguent leurs enfants. Et du coup, lĂ , on se dit, OK, c’est bon.
Le relais d’info, il est lĂ . Et sur des sujets aussi peu attrayants que les jobs, le meilleur vecteur, ça va ĂȘtre ce bouche-Ă -oreille familial qu’on va essayer de susciter Ă travers Facebook.
[Gwen] OK. Donc, finalement, vous avez une stratĂ©gie rĂ©flĂ©chie pour les rĂ©seaux sociaux. Les missions sont rĂ©parties entre, du coup, les documentalistes, toi, les informatrices, les informatrices de jeunesse. [Pierre-Adrien] Tout Ă fait. [Gwen] C’est rĂ©flĂ©chi. Vous avez une partie de contenu froid que vous pouvez anticiper. [Pierre-Adrien] Exactement. Tout Ă fait. Contenu froid qu’on anticipe. [Gwen] Les temporalitĂ©s que j’Ă©voquais tout Ă l’heure. Et les contenus chauds aussi ont une place dans votre communication. Du coup, vous vous adressez aux 15-30 ans. [Pierre-Adrien] Oui. [Gwen] LĂ , tu nous as parlĂ© des leviers pour rĂ©ussir Ă les toucher, les cibles connexes. Et alors, justement, on arrive Ă la question qu’on contourne depuis tout Ă l’heure. OĂč est-ce que vous ĂȘtes prĂ©sent ? [Pierre-Adrien] Sur quels rĂ©seaux sociaux ? AprĂšs, investir en rĂ©seau social, ça ne se fait pas comme ça. Avec un claquement de doigts, vous ĂȘtes quand mĂȘme bien placĂ© pour le savoir.Si seulement, on n’existerait pas. Donc, nous, on n’est pas prĂ©sent sur TikTok. Nous, on est trĂšs passif sur Snapchat.
On a un compte, mais on ne produit pas d’informations sur Snapchat. Donc, on n’est pas sur ces rĂ©seaux sur lesquels on pourrait se dire forcĂ©ment qu’ils sont sur TikTok. Ils ne sont pas sur Facebook.
Donc, oĂč est-ce qu’on est prĂ©sent ? On est prĂ©sent sur Snapchat. Pardon, sur Facebook.
Pour communiquer sur on va dire le flux informationnel des documentalistes, mais aussi, surtout, sur ce qui se passe Ă Nantes. Notre cible, c’est quand mĂȘme les jeunes Nantais sur Facebook. Idem sur Instagram, oĂč on va cibler aussi plutĂŽt des jeunes Nantais.
Nantes-MĂ©tropole, mais vraiment le secteur un petit peu qu’on va couvrir par notre activitĂ© locale. Et aprĂšs, on est aussi prĂ©sent sur d’autres rĂ©seaux, avec d’autres cibles, LinkedIn, Twitter, pour des questions partenariales, pour des questions aussi de rĂ©seau national. Donc, on a investi ces champs-lĂ .
Et puis, bien sĂ»r, qu’on pourrait ĂȘtre partout. Bien sĂ»r, on est aussi sur YouTube. On est aussi sur SoundCloud, parce qu’on espĂšre pouvoir Ă terme vraiment dĂ©velopper le podcast aussi, parce qu’on est trĂšs attirĂ© par ce mĂ©dia-lĂ , comme vous, semble-t-il.
Et puis, on n’est pas prĂ©sent sur Snapchat et TikTok. Bon, dans l’idĂ©al, si on pouvait ĂȘtre prĂ©sent partout, on le ferait, bien Ă©videmment.
[Bryan] Mais il faut alimenter aprĂšs. [Pierre-Adrien] Ăa ne sert Ă rien d’ouvrir des choses. Mais quand mĂȘme, on se teste, on teste des choses. Donc, il y a cinq ans, moi, quand je suis arrivĂ© dans la structure, on Ă©tait sur le combo un petit peu classique, Facebook, Twitter, LinkedIn.VoilĂ , ça s’arrĂȘtait Ă peu prĂšs ici, et la chaĂźne YouTube, bien Ă©videmment. Ăa s’arrĂȘtait Ă peu prĂšs lĂ . Donc, on s’est dit, Snapchat ou Instagram.
VoilĂ , on Ă©tait dans ces prĂ©rogatives-lĂ il y a cinq ans, parce que TikTok n’avait pas percĂ© comme TikTok aujourd’hui. Bon, le meilleur moyen de le savoir dĂ©jĂ , c’est d’y aller. Donc, on a ouvert les deux en simultanĂ©, tout en se disant, Ă priori, on ne va pas pouvoir assumer les deux.
Mais dĂ©jĂ , pour voir comment ça pouvait Ă©ventuellement matcher, on a cette possibilitĂ©, dans l’Ă©ducation populaire, un petit peu aussi, de tester des trucs, de voir ce que ça donne, et puis de changer de braquet. Et force est de constater que sur Snapchat, on avait tout de suite eu des difficultĂ©s d’identification. On a eu des retours trĂšs rapides.
Alors, le cĂŽtĂ© information n’Ă©tait pas aussi dĂ©veloppĂ© qu’il l’est aujourd’hui sur Snapchat, oĂč je ne sais pas si vous suivez ce que fait par exemple Le Monde, l’Ă©quipe ou autres, c’est du travail exceptionnel. Vraiment, cette capacitĂ© oĂč mĂȘme, je pense Ă Hugo DĂ©crypte, Ă des mĂ©dias comme ça, cette capacitĂ© Ă adapter des contenus pour des rĂ©seaux comme ceux-ci, pour cibler des ados ou des prĂ©ados, c’est top.
[Bryan] C’est vraiment un travail exceptionnel. Mais c’est des mĂ©dias qui vont encore plus loin. En fait, ce n’est pas un journaliste qui produit du contenu, mais aprĂšs il y a une personne qui dĂ©cline.Il y a une personne par rĂ©seau qui va prendre une information et qui va la travailler pour Snapchat, pour TikTok, pour Instagram, etc.
[Pierre-Adrien] Exactement, ce n’est pas une information qu’on dĂ©cline. Par contre, gĂ©nĂ©ralement, c’est une thĂ©matique ou un sujet qu’on va retrouver. Je pense qu’Hugo DĂ©crypte, beaucoup, comme on sort d’une pĂ©riode de campagne prĂ©sidentielle oĂč, effectivement, on a vu on pourrait Ă©voquer Twitch aussi, on pourrait Ă©voquer plein de choses, mais on a vu quand mĂȘme des cartons d’audience, notamment du cĂŽtĂ© d’Hugo DĂ©crypte et le travail qui a Ă©tĂ© fait pour alimenter tous ses rĂ©seaux.Il est sur Insta, il est sur Snapchat, il est sur TikTok, il est sur Twitch, il est sur Youtube, je crois aussi. Bien sĂ»r, il est partout. En gĂ©nĂ©ral, on n’a pas des infos qu’on va dĂ©cliner, mais c’est quand mĂȘme des thĂ©matiques souvent qu’on va trouver d’un rĂ©seau Ă un autre.
AprĂšs, c’est peut-ĂȘtre un petit peu plus personnel. Il y a une maniĂšre de concevoir les choses qui fait que je ne sais pas s’il faut, en tant que professionnel jeunesse, on se dĂ©finit comme des professionnels jeunesse, c’est-Ă -dire qu’on se dĂ©finit comme dans notre posture Ă©ducative vis-Ă -vis des jeunes. On fait de l’Ă©ducation Ă l’information depuis 40 ans, 50 ans, dans les rĂ©seaux infogĂšnes.
On considĂšre aussi l’exemple de Snapchat, l’anecdote que je vous racontais sur Snapchat, oĂč on recevait des messages en nous demandant « Mais vous ĂȘtes qui ? Qu’est-ce que vous faites lĂ ? » m’a confortĂ© dans cette position de penser aussi que les jeunes ont besoin de rĂ©seaux refuge.
On quittait Facebook Ă un moment donnĂ© aussi, parce qu’il y avait leurs parents, parce que justement il y avait des informations un peu institutionnelles, parce qu’il y avait peut-ĂȘtre leurs grands-parents aussi, et qu’en fait on a besoin d’un espace de rĂ©crĂ©ation, d’ĂȘtre tranquille entre nous. Alors, ça peut vous faire peur ce qu’on fait entre nous, peut-ĂȘtre, peu importe, mais c’est notre rĂ©seau aussi. Et du coup, vouloir absolument et c’est un des piĂšges, je pense, dans lesquels on peut vite tomber, nous, professionnels jeunesse, c’est de vouloir ĂȘtre partout parce qu’ils sont partout.
Ils ont des comptes sur tous les rĂ©seaux, donc allez, on y va, on va sur TikTok, on va sur Snapchat, etc. Je ne suis pas sĂ»r que ce soit la meilleure des stratĂ©gies, dĂ©jĂ , parce qu’on ne peut pas l’assumer en termes de moyens. Ce n’est pas donnĂ© Ă tout le monde de pouvoir ĂȘtre partout et d’alimenter correctement les choses.
Et puis, encore une fois, parce que peut-ĂȘtre qu’on n’y est pas attendu, peut-ĂȘtre que ça aurait l’effet inverse en termes de communication sur notre image aussi que d’investir forcĂ©ment ces rĂ©seaux, de les suivre Ă la trace. Donc moi, je suis plutĂŽt dans cette idĂ©e de dire, il y a une sorte de rue numĂ©rique dans laquelle Ă©voluent ces jeunes, qui a un ensemble de pratiques, qui a un ensemble d’usages, qui a un ensemble de plateformes, et Ă nous de recrĂ©er comme une sorte d’espace d’accueil Ă distance, un peu comme on le fait dans la rue physique, et d’ĂȘtre prĂ©sents et visibles, sur Instagram, peut-ĂȘtre sur Facebook, peut-ĂȘtre se limiter Ă deux, trois rĂ©seaux, selon nos moyens, mais au moins d’ĂȘtre prĂ©sents, d’ĂȘtre physiques, et s’ils veulent nous trouver, s’ils veulent notre information, ils sauront nous trouver Ă cet endroit-lĂ . C’est plutĂŽt la stratĂ©gie qu’on adopte.
[Gwen] Ăa marche. Par rapport Ă l’information que vous diffusez, moi, je me demandais si vous travaillez du coup en partenariat, en collaboration, enfin, peu importe, avec des collectivitĂ©s locales ou des organismes, pour justement rĂ©colter vos infos. [Pierre-Adrien] Oui, complĂštement. Alors lĂ , pour le coup, c’est le travail des documentalistes, qui sont en veille permanente avec tout un Ă©cosystĂšme d’acteurs, des acteurs un peu, ceux que j’Ă©voquais, les fameux experts de ces thĂ©matiques. On a la chance, Ă Nantes et en Loire, d’avoir un tissu associatif trĂšs fort sur toutes les thĂ©matiques que j’Ă©voquais, donc ces gens-lĂ vont nous nourrir.On est en relation avec eux, on est en veille, des veilles thĂ©matiques avec des acteurs associatifs, avec des collectivitĂ©s. Bien Ă©videmment qu’on a, par exemple, sur notre site et sur notre application mobile, tiltinfojeune.fr, un module de recherche qui s’appelle « Ă quoi ai-je droit ? », et qui recense 350 dispositifs d’aide et d’accompagnement sur l’ensemble du territoire rĂ©gional.
On a une personne qui fait que ça. C’est un gros travail de le mettre Ă jour tout le temps, c’est-Ă -dire que toutes les informations qu’on va trouver via ce module de dispositifs sont Ă jour, sont exhaustives, et donc oui, forcĂ©ment, on est en lien permanent avec la rĂ©gion, avec le dĂ©partement, avec les municipalitĂ©s, pour ĂȘtre sĂ»r que les informations qui sont sur notre site et notre application sont fiables 365 jours par an.
[Gwen] Mais est-ce que c’est vous qui allez chercher l’information ou est-ce que c’est de l’information qu’on vous envoie, en vous disant « il faut le diffuser » ? [Pierre-Adrien] Alors, la tournure de « il faut le diffuser » peut ĂȘtre un peu impĂ©rative, mais trĂšs honnĂȘtement, oui, c’est les deux. TrĂšs honnĂȘtement, on va chercher l’info. Souvent, on va chercher l’info, quand mĂȘme.Et puis, oui, bien sĂ»r que la rĂ©gion, bien sĂ»r que la ville de Nantes nous signale l’existence d’un dispositif. Je faisais le distinguo entre documentaliste et journaliste. Je pense que la diffĂ©rence, elle s’oppose lĂ .
Elle s’oppose clairement lĂ . Un journaliste qui reçoit quelque chose de la rĂ©gion n’aura pas la mĂȘme attitude qu’une documentaliste. Et encore, les documentalistes ne sont pas non plus des communicants.
On n’est pas lĂ pour valoriser, bien Ă©videmment, la politique de la rĂ©gion ou la politique de la ville de Nantes, etc. On est lĂ pour informer les jeunes, pour relayer sur des sujets qui les concernent. Si on estime que les informations qu’on reçoit de par ses collectivitĂ©s, par exemple, ne sont pas forcĂ©ment intĂ©ressantes ou relĂšvent plutĂŽt de la communication, on ne va pas la traiter, on ne va pas la prendre.
Donc, on a aussi cette marge de manĆuvre de dire oui, non, dĂ©solĂ©. Ăa, ça ne nous concerne pas.
[Bryan] Il y a une notion qui est intĂ©ressante. On parlait d’une premiĂšre notion sur l’importance de la pensĂ©e accessible. Il y a un deuxiĂšme point que tu as dit, et je pense qu’il est important d’avoir l’esprit, quand on veut ĂȘtre prĂ©sent sur les rĂ©seaux sociaux, il nous faut de l’information, mais il faut aller la chercher.Ce que tu dis quand mĂȘme, c’est qu’on vous en envoie parfois, mais vous ĂȘtes quand mĂȘme plus souvent Ă aller chercher l’info. Et ça, c’est quelque chose qu’on a beaucoup dans nos mĂ©tiers qui oublie beaucoup de marques qui veulent aller sur les rĂ©seaux. Quand je dis marques, c’est la mĂȘme organisation qui pense que ce qu’on va dire sur les rĂ©seaux, ça remonte automatiquement du terrain et on n’a rien Ă faire.
Le plus long, je pense, dans ce travail-lĂ , c’est d’organiser la collecte et la remontĂ©e de l’info. Ce n’est pas tant de produire l’information, mĂȘme si c’est un travail en soi, c’est vraiment ce management pour que ça remonte et que ça soit Ă disposition en temps voulu.
[Pierre-Adrien] Exactement. La question de la veille informationnelle, elle est fondamentale. Elle est chronophage.Si on prend tout le process de rĂ©colte d’info, de editing et de diffusion, la veille, c’est la moitiĂ©, trĂšs clairement. Alors la chance qu’on a, c’est que dĂ©jĂ , on est quand mĂȘme pas mal formĂ©, pas mal rodĂ© Ă cet exercice depuis, quand je dis on, c’est l’information jeunesse, depuis 40 ans. Donc lĂ , pour le coup, il y a une vraie expertise des documentalistes sur ces techniques-lĂ qui ont rĂ©ussi aussi, avec les nouvelles maniĂšres de faire de la veille sur le web, avec les outils numĂ©riques, Ă rester Ă jour sur ces techniques-lĂ .
Et puis, notre autre force, c’est le nombre. C’est-Ă -dire que Infojeune, Pays de la Loire, on est 18. Je ne dis pas qu’on est 18 en veille sur les mĂȘmes choses, mais ce nombre-lĂ , mĂȘme s’il y a 4 documentalistes et 2 informatrices jeunesse et 1 responsable communication, ce nombre-lĂ finalement fait que chacun va un peu sectoriser sa veille sur telle ou telle thĂ©matique, ou sur tel ou tel enjeu de jeunesse, et venir alimenter une sorte de pot commun dans lequel on va pouvoir piocher selon, encore une fois, les temporalitĂ©s, selon les besoins ou ce qu’on pense ĂȘtre, lĂ c’est le petit cĂŽtĂ© subjectif, ce qu’on pense ĂȘtre pertinent pour les jeunes Ă l’instant T. Il faut ĂȘtre vraiment proactif pour faire remonter l’information. Il y a des outils qui automatisent les choses, mais non, la veille c’est un travail quotidien.
Il y a plein d’outils trĂšs pertinents, qu’on ne citera pas lĂ , mais c’est un travail trĂšs important. Les documentalistes passent plus de temps en veille qu’elles ne le passent Ă Ă©diter leur contenu.
[Gwen] Du coup c’est intĂ©ressant, vous ĂȘtes quand mĂȘme libre de raconter ce dont vous avez envie de parler. Vous n’ĂȘtes pas contraint. [Pierre-Adrien] Oui et non. Il y a quand mĂȘme des choix dans ce qu’on va diffuser, mais mine de rien notre label d’Ătat est le fait qu’on doit ĂȘtre exhaustif. C’est-Ă -dire qu’Ă partir du moment oĂč on dĂ©cide de traiter un sujet, on se doit d’ĂȘtre exhaustif.Ăa veut dire quoi concrĂštement ? Par exemple, si on prend la thĂ©matique de la santĂ©, si on prend un sujet un peu plus prĂ©cis sur cette thĂ©matique-lĂ , on va ĂȘtre dans l’obligation intellectuelle, morale, de prĂ©senter l’ensemble des possibilitĂ©s qui s’offrent aux jeunes sur le territoire donnĂ©. L’ensemble des acteurs qui vont pouvoir accompagner un jeune ou une jeune des 18 ans qui a des difficultĂ©s de santĂ©, qui rencontre des problĂšmes.
On se doit d’ĂȘtre le plus exhaustif possible. Si je veux ĂȘtre un petit peu mesurĂ©, le plus exhaustif possible dans la prĂ©sentation des choix qui se prĂ©sentent aux jeunes sur ces thĂ©matiques-lĂ .
[Bryan] Ăa pose quand mĂȘme une question parce que quand on a une information qui est Ă©mise par des collectivitĂ©s, souvent, ce qu’on nous envoie, c’est des notices de 4-5 pages, des trucs trĂšs difficiles Ă digĂ©rer, qui sont exhaustifs. Il n’y a aucun problĂšme par rapport à ça. Mais le problĂšme, c’est que sur les rĂ©seaux sociaux, Ă un moment donnĂ©, on ne peut pas tout mettre.Alors comment on choisit ?
[Pierre-Adrien] Je ne remets pas tout sur les rĂ©seaux sociaux. [Bryan] Oui, il y a la notion d’exhaustivitĂ©, mais sauf qu’en fait, l’une des contraintes qu’on a sur les rĂ©seaux sociaux, c’est d’aller Ă l’essentiel. [Pierre-Adrien] Notre production d’information, notre production documentaliste, le cĆur, ne va pas ĂȘtre les rĂ©seaux sociaux. Ăa va ĂȘtre notre site web. Et ça va ĂȘtre surtout aussi nos publications print.On a des guides. Trouver un logement en Pays de la Loire, trouver un job en Pays de la Loire, etc. Qui sont des guides.
Alors certes, qui sont aussi sur notre site web, mais qui sont papiers. On a aussi toute une sĂ©rie de gammes d’Ă©lĂ©ments print qu’on diffuse aux jeunes. Je fais juste une petite digression sur ce sujet-lĂ , parce qu’en fait, le print est trĂšs important pour nous vis-Ă -vis des jeunes.
Il y a une sorte de validation de l’information qui s’installe quand on donne un document papier. C’est bĂȘte, c’est trĂšs bĂȘte, parce que ça peut ĂȘtre la mĂȘme information qui sera sur un site web. Mais dĂ©jĂ , il y a un autre trajet de l’information quand elle est sur un support papier.
Le guide, il va se retrouver dans plusieurs mains, il va circuler, il va passer dans la famille. Donc, il y a un autre rapport Ă l’information que quand on le consomme sur le site et sur les rĂ©seaux sociaux, j’y reviens. Mais, voilĂ , fin de la parenthĂšse, mais n’oublions pas que l’impact de l’information papier est aussi Ă un moment donnĂ© quand elle est remise de main en main.
Et quand elle est accompagnĂ©e. Et voilĂ . Il y a un peu une forme d’autoritĂ©, quoi.
Pas d’autoritĂ©, mais en fait, non, c’est pas ça. Pour nous, c’est pratique de donner quelque chose et puis ça permet…
[Bryan] Je me mets Ă la place du jeune, je reçois une… [Pierre-Adrien] Ouais, de validation, de… Ils ont plus confiance, presque. C’est peut-ĂȘtre un peu exagĂ©rĂ©, ce que je dis, mais ils ont plus confiance dans le contenu quand il est…On a pu le repĂ©rer. Je ne sais pas si c’est quelque chose de gĂ©nĂ©ral, qu’il faut gĂ©nĂ©raliser Ă la jeunesse ou pas. C’est officiel, quoi.
Mais ouais, il y a un cĂŽtĂ© officiel, tout Ă fait. C’est un peu cette idĂ©e-lĂ . Donc, on y va avec cette information, en espĂ©rant qu’elle ne soit pas erronĂ©e.
Mais pour revenir Ă la question des rĂ©seaux sociaux, tout notre contenu, bien sĂ»r, n’est pas diffusĂ© sur les rĂ©seaux sociaux. Donc on va se concentrer sur relayer, effectivement, des contenus qu’on va pouvoir dĂ©velopper sur notre site web et du coup renvoyer classiquement sur notre site web, ou alors dĂ©velopper des contenus vraiment purement natifs pour les rĂ©seaux sociaux. Je vous Ă©voquais cet exemple parce qu’on en sort de la semaine pour trouver un logement Ă la rentrĂ©e.
C’Ă©tait intitulĂ© de cette campagne qui a durĂ© une semaine et qui est pleine de contenu, mais uniquement sur Instagram, oĂč lĂ , on va quand mĂȘme pouvoir bien, bien, bien traiter le sujet sans ĂȘtre aussi exhaustif qu’on pourra l’ĂȘtre. Et par contre, Ă partir du moment oĂč on va citer tel acteur qui va pouvoir nous informer sur le logement, qui va pouvoir ĂȘtre beaucoup plus expert sur cette thĂ©matique, on se doit absolument de citer tous les autres. Et ça, on le fait, y compris sur les rĂ©seaux sociaux.
Je vous invite Ă aller voir les stories Ă la une qu’on a fait sur la semaine du logement. Si on cite la CAF, par exemple, qui peut nous aider financiĂšrement sur financer un logement, on se doit aussi de citer Action Logement, on se doit aussi de citer d’autres acteurs et d’ĂȘtre vraiment exhaustif lĂ -dessus. LĂ , pour le coup, on ne prĂ©sente pas l’exemple.
[Bryan] Donc on a quand mĂȘme un casse-tĂȘte, c’est-Ă -dire que Ă un moment donnĂ©, on ne peut pas privilĂ©gier l’un ou l’autre, c’est tout l’ensemble des acteurs qui doivent ĂȘtre… [Pierre-Adrien] Quand je dis exhaustif, ce qu’on Ă©vite de faire effectivement, ça va ĂȘtre de privilĂ©gier plutĂŽt un acteur qu’un autre. [Bryan] Les sĂ©lections, on n’en fait pas. Ăa veut donc dire qu’aujourd’hui, les rĂ©seaux sociaux, vous les concevez comme des points d’entrĂ©e sur un sujet, une thĂ©matique, et que votre objectif derriĂšre, c’est quand mĂȘme d’arriver vers des formats plus longs, que ce soit sur le site web ou le print dont on parlait tout Ă l’heure. Oui, complĂštement. [Gwen] Ok. Moi, je me pose une question depuis tout Ă l’heure organisationnelle. Tu nous parlais des informateurs tristes et des documentalistes.Mais du coup, vous prenez tous la parole sur les rĂ©seaux sociaux ou est-ce que vous vous organisez avec des personnes qui font de la recherche, des personnes qui retraitent l’information, des personnes qui crĂ©ent des contenus visuels pour les rĂ©seaux sociaux, etc.
[Pierre-Adrien] Ok. Il y a effectivement tout un processus. Mais non, tout le monde ne prend pas la parole sur les rĂ©seaux sociaux.On va vraiment ĂȘtre sur les informatrices jeunesse qui ont parlĂ© de points d’entrĂ©e, qui sont les points de contact avec les jeunes. Vraiment, la diffĂ©rence, elle est lĂ . Ces deux personnes qui sont Ă Nantes sont Ă peu prĂšs les seules de l’Ă©quipe Ă ĂȘtre quotidiennement en contact avec les jeunes, Ă les avoir, Ă rĂ©pondre Ă leurs questions.
C’est elles qui traĂźnent leur parole. Mais derriĂšre, il y a tout un travail des documentalistes sur amener les contenus, de moi-mĂȘme sur les Ă©diter aussi. Mais si j’ai bien compris ta question, vraiment l’idĂ©e, la vitrine, ce n’est pas pĂ©joratif quand je dis ça, mais ça va ĂȘtre avec les informatrices jeunesse.
Dans les stories que vous allez voir sur Instagram ou ailleurs, c’est elles que vous allez voir.
[Gwen] Donc c’est elles qui gĂšrent le community management, vraiment. [Pierre-Adrien] C’est partagĂ©. Le community management, on est Ă trois dessus, on va dire. [Gwen] Ăa marche. [Pierre-Adrien] Excuse-moi Bryan, mais tu voulais… [Bryan] C’Ă©tait exactement la raison que je voulais poser. Est-ce qu’on peut les considĂ©rer comme des community managers aussi ? [Pierre-Adrien] C’est une partie de leur mission. Informatrice jeunesse, c’est un rĂ©fĂ©rentiel mĂ©tier qui est accessible trĂšs facilement sur le site Info Jeune National. Et la communication est une des entrĂ©es de ce rĂ©fĂ©rentiel mĂ©tier parmi beaucoup, beaucoup de choses.Mais effectivement, c’est intĂ©ressant parce que pas plus tard qu’hier, j’Ă©tais en train de former les nouveaux informateurs jeunesse des Pays de la Loire Ă la communication. Ce n’est pas si Ă©vident que ça. Quand on arrive dans un rĂ©seau en tant qu’informateur jeunesse, ok, je vais informer.
Il faut aussi que vous soyez en mesure de construire une stratĂ©gie de com avec des paramĂštres qui sont par exemple des services de communication des municipalitĂ©s oĂč il y a tout un Ă©cosystĂšme autour des informateurs jeunesse qui est parfois un peu compliquĂ© Ă manier. Que vous soyez en mesure de crĂ©er des visuels. On a fait ce matin mĂȘme une formation Canva par exemple auprĂšs des informateurs jeunesse pour qu’ils aient des outils.
Donc oui, la communication, c’est une part, une de leur mission.
[Gwen] Profil trĂšs atypique rechercheur. [Pierre-Adrien] Profil trĂšs atypique. Moi j’admire, je ne suis pas informateur jeunesse en tant que tel, mais j’admire ce mĂ©tier-lĂ et cette profession-lĂ parce que dĂ©jĂ , c’est quand mĂȘme des gens qui sont capables de rĂ©pondre Ă des jeunes quelles que soient leurs questions. Alors ils n’ont pas la rĂ©ponse Ă tout, mais c’est surtout une mĂ©thodologie de recherche d’information.Et c’est lĂ oĂč moi ça me plaĂźt de travailler dans cette structure-lĂ parce qu’en fait, on ne fait pas tant on fait de l’information, on diffuse de l’information, etc. Mais en fait, on fait de l’Ă©ducation aux mĂ©dias et Ă l’information. C’est-Ă -dire que notre but, ce n’est pas tant d’informer les jeunes quand ils viennent chez nous, que de les accompagner dans leur recherche d’information.
Et je fais vraiment le distinguo lĂ -dessus parce que derriĂšre, il y a quoi ? Il y a des valeurs. Il y a cette idĂ©e qu’en accompagnant les jeunes dans leur recherche d’information, lĂ je parle dans nos espaces d’accueil, eh bien on va leur permettre aussi de se construire.
On va leur permettre de se construire leur citoyennetĂ©. Je veux dire, quelqu’un qui sait s’informer, c’est quand mĂȘme un citoyen dĂ©jĂ un petit peu plus aguerri. Donc c’est Ă toute cette dimension-lĂ aussi que je trouve passionnante dans ce mĂ©tier d’informateur de la NES.
[Gwen] Ăa marche. Maintenant, j’aimerais bien te demander, Ă chaque fois j’aime bien demander des conseils ou des astuces plutĂŽt mises en pratique. Aujourd’hui, on est sur le sujet d’informer via les rĂ©seaux sociaux.Est-ce que tu aurais des bons conseils Ă nous donner pour rĂ©ussir justement Ă informer via les rĂ©seaux sociaux ?
[Pierre-Adrien] Je reste sur mon axe jeunesse quand mĂȘme, sur ce que je connais le mieux, si ça va. Je pense qu’il y a trois Ă©cueils vraiment Ă Ă©viter dĂ©jĂ . C’est pas des conseils, c’est plutĂŽt des erreurs.C’est des conseils quand mĂȘme.
[Gwen] Tu me coupes l’herbe sous le pied. [Bryan] On en aurait parlĂ©, donc on peut commencer par ça. [Pierre-Adrien] On va commencer par les Ă©cueils, mais c’est toujours bien de commencer je pense par ce qu’il ne faut pas faire plutĂŽt que ce qu’il faut faire. Le premier, c’est ce que j’exprimais tout Ă l’heure, c’est de vouloir ĂȘtre partout. Si on veut ĂȘtre partout, c’est qu’on a les moyens de le faire.De l’univers dans lequel j’Ă©volue professionnellement, d’Ă©ducation populaire et d’information jeunesse, je connais pas de structure Ă part au niveau national, et encore, oĂč ils ont la capacitĂ© d’ĂȘtre partout et d’alimenter les raisons. Donc plutĂŽt que de vouloir ĂȘtre partout et de vouloir absolument suivre les derniĂšres tendances des jeunes, maintenant ils sont sur Snapchat, il faut aller sur Snapchat, lĂ ils sont sur TikTok, il faut aller sur TikTok. Non, restons, creusons notre sillon peut-ĂȘtre sur des rĂ©seaux qui apparaissent un peu Ă la croisĂ©e des chemins, comme Instagram qui est beaucoup brisĂ© par les informateurs jeunesse.
Croiser des usages, croiser des Ăąges aussi sur ce rĂ©seau social-lĂ qui est intĂ©ressant quand on travaille sur les 15-30 ans. Donc voilĂ , le premier Ă©cueil Ă mon avis, c’est de se dire il faut absolument investir tous les rĂ©seaux. Le deuxiĂšme Ă©cueil, ça va ĂȘtre dans la maniĂšre de prendre la parole sur les rĂ©seaux sociaux, ça va ĂȘtre dans le ton Ă employer.
Nous sommes des professionnels jeunesse. On a ce cĂŽtĂ© et particuliĂšrement Ă Nantes, puisqu’on est peut-ĂȘtre de rĂ©seau, un petit peu institutionnel aussi. Et donc, d’employer…
Je vous parlais d’une rue numĂ©rique tout Ă l’heure. La rue numĂ©rique, elle a son langage, elle a sa culture, elle a ses sphĂšres d’influence, elle a ses acteurs. NĂ©anmoins, de vouloir absolument employer le langage jeune, attention, attention.
Sinon, ça finit en OK Boomer en 2 secondes 30. C’est pas parce que tu t’adresses aux jeunes qu’il faut parler comme eux. LĂ , personnellement, je me suis pris deux-trois claques lĂ -dessus trĂšs clairement.
J’ai pas l’impression d’ĂȘtre si vieux que ça. Et je me dis, OK, c’est un langage que je peux employer aussi, mais en fait, quand c’est dans la bouche d’une structure, entre guillemets, ben non, ça colle pas du tout. C’est un exemple ?
J’ai pas d’exemple prĂ©cis. Je reviens Ă l’exemple, il faudrait que je rĂ©flĂ©chisse deux secondes, mais je reviens Ă l’exemple quand on a investi Snapchat. Qu’est-ce que vous faites lĂ ?
Alors, on aurait pu peut-ĂȘtre ne pas s’arrĂȘter à ça et poursuivre un petit peu plus. Mais bon, c’est des petites claques qu’on se prend. en tout cas, je pense, on a souvent…
Je me bats contre des images nĂ©gatives qu’on a de la jeunesse, des fois, et puis de se dire ouais, ils sont dans leur bulle, ils sont dans leur langage, ils sont dans leur truc. Ouais, OK. Mais en fait, ils aiment bien aussi, je pense, je suis Ă peu prĂšs convaincu, la sincĂ©ritĂ© et l’honnĂȘtetĂ© dans la maniĂšre de prendre la parole.
Et ça sert Ă rien de vouloir faire du jeunisme, entre guillemets, c’est peut-ĂȘtre un peu fort, mais sur les rĂ©seaux sociaux, si on ne l’est pas. Quand on est un mĂ©dia culturel nantais tenu par des jeunes, OK, allons-y. On a un ton qui est le nĂŽtre, en fait, mais il est sincĂšre.
Quand on s’appelle Info Jeune Pays de la Loire et qu’on a un label d’Ătat et qu’on doit diffuser une information qui est quand mĂȘme sĂ©rieuse et pas toujours trĂšs fun, ça sert Ă rien de l’envoyer, Ă mon avis, en envoyant des paillettes et du langage qu’on n’assumerait pas dans la vie.
[Bryan] Le ton doit ĂȘtre fidĂšle Ă son identitĂ©, mĂȘme si on va adapter la forme du langage, parce qu’on est plus familier que d’autres, on a le droit d’ĂȘtre familier, tout en ayant un discours un peu plus institutionnel. Enfin, un ton institutionnel. [Pierre-Adrien] C’est un Ă©quilibre. C’est un Ă©quilibre qui est par soi compliquĂ© Ă trouver. Je vous donne un exemple.La question du vouvoiement et du tout-voiement. C’est tout bĂȘte, comme question. Pendant longtemps, on a vouvoyĂ© les jeunes, parce qu’avec cet argument de dire qu’il n’y a pas de raison qu’on les infantilise.
Ils ne sont pas tous des adultes, mais en tout cas il y a une forme de respect dans le vouvoiement. Et puis aujourd’hui, on est en train de se dire que sur les rĂ©seaux sociaux, ce n’est pas possible. On ne peut pas ne pas tutoyer, c’est quand mĂȘme une base.
Donc ça, c’est cool. On a des rĂ©flexions Ă mener, mais on est sincĂšre quand on fait ça. C’est-Ă -dire que si un jeune vient physiquement dans notre espace d’accueil, on va le tutoyer.
[Bryan] Est-ce que vous tutoyez dĂ©jĂ les jeunes ? [Pierre-Adrien] En fait, il y avait une sorte de dichotomie entre je les tutoie en physique et je les vouvoie sur les rĂ©seaux. [Bryan] Alors lĂ , vous ĂȘtes alignĂ© avec ce que vous faites ? [Pierre-Adrien] LĂ , on est alignĂ© sur ce qu’on fait. On a du coup toute notre masse informationnelle qui a un vouvoiement sur notre site web, mais peut-ĂȘtre que ça va Ă©voluer. Et puis toute la partie com, rĂ©seaux sociaux oĂč lĂ , on va ĂȘtre sur du tutoiement.Donc il y a encore ce double truc. Il y a une autre rĂ©flexion en ce moment qui est assez complexe Ă mener chez nous. C’est la question de l’Ă©criture inclusive.
Voilà . On nous renvoie beaucoup ça.
[Bryan] Les mĂȘmes problĂ©matiques. [Pierre-Adrien] Bien sĂ»r. Mais tout le monde. Les jeunes nous renvoient beaucoup ça.Ce serait pas mal de ne pas parler qu’au masculin des fois aussi. Oui, bien sĂ»r. Avec nos valeurs qu’on prĂŽne, Ă©videmment.
AprĂšs, concrĂštement, c’est pas facile de la mettre en Ćuvre. Est-ce que c’est vraiment si inclusif que ça parfois ? Il faut penser aussi Ă notre mission oĂč l’information doit ĂȘtre accessible pour tous.
Donc quelqu’un qui est dyslexique, est-ce qu’il s’est retrouvĂ© avec le point mĂ©dian ? LĂ -dedans, lĂ -dessus, on est en rĂ©flexion comme je pense beaucoup de structures.
[Bryan] Mais c’est clair. Je pense qu’en fait, il ne faut pas niger la notion d’accessibilitĂ©. Parce que des personnes qui sont dyslexiques ou mĂȘme qui sont juste malvoyantes.Malvoyante, ça ne veut pas dire ĂȘtre aveugle. Ăa veut dire juste je ne vois pas bien les choses. Il y en a beaucoup plus qu’on ne pense.
Je crois qu’il y a Ă peu prĂšs 1,7 ou 2 millions de malvoyants en France. Il faut pouvoir en tenir compte. Ăa veut dire qu’ils sont des assistants qui vont lire certains passages.
Le point médian, ça pose des problÚmes aux assistants.
[Pierre-Adrien] Alors, aprĂšs, je ne suis pas assez calĂ© sur l’Ă©criture inclusive. Mais il n’y a pas que le point mĂ©dian dans l’Ă©criture inclusive. Il y a plein de formes diffĂ©rentes. [Bryan] Il y a plein de maniĂšres d’ĂȘtre inclusif. [Pierre-Adrien] On va se rĂ©fugier un petit peu aussi derriĂšre les prĂ©rogatives nationales d’Ătat. La belle d’Ătat, on a ce devoir d’accessibilitĂ©. On a un cadre un petit peu qui fait qu’on reste un petit peu sur nos positions.Et puis, on a tentĂ© des trucs. Une ou deux fois, j’ai fait un ou deux postes en Ă©criture inclusive parce que le sujet Ă©tait tel que je ne me voyais pas faire autrement. Et j’ai eu vraiment des retours.
J’ai eu vraiment des commentaires de gens qui me disaient « ArrĂȘtez, le point mĂ©dian, ce n’est pas possible.
[Bryan] » C’est trĂšs clivant. Le point mĂ©dian est trĂšs clivant. Au-delĂ de l’accessibilitĂ©, il est trĂšs clivant. [Pierre-Adrien] Il ne faut pas rĂ©sumer l’Ă©criture inclusive au point mĂ©dian. Exactement. [Bryan] On peut ĂȘtre inclusif dans ses contenus sans utiliser le point mĂ©dian. Mais c’est bien, du coup, de se poser cette question-lĂ . Il ne suffit pas de cliquer les doigts. [Pierre-Adrien] Et puis, on porte quand mĂȘme des valeurs, comme vous aussi, mais on se doit quand mĂȘme, Ă un moment donnĂ©, dans le discours qu’on a, d’ĂȘtre effectivement inclusif, de penser Ă toutes les parts de la sociĂ©tĂ©, Ă toutes les jeunesses. 15-30 ans au pays de la Loire, ça ne veut rien dire. 16 ans dans le quartier Malakoff, et 18 ans je ne sais pas, Ă la montagne, ou 35 ans Ă Angers.Non, 35, j’ai dĂ©passĂ© un peu. Mais 28 ans Ă Angers. Les rĂ©alitĂ©s concrĂštes n’ont rien Ă voir.
L’accĂšs Ă l’information n’a rien Ă voir. Donc, on se doit d’ĂȘtre dans cette rĂ©flexion et dans ces valeurs d’accĂšs Ă l’information pour tous. Et donc, l’Ă©criture inclusive nous pousse quand mĂȘme Ă y aller et en mĂȘme temps, ne nous pousse pas Ă y aller.
On ne sait pas trop. Donc on réfléchit. Et puis on va voir comment on traite ça.
[Gwen] Ăa marche. [Pierre-Adrien] Je parle beaucoup. [Gwen] Du coup, c’Ă©tait tes erreurs Ă ne pas commettre lĂ ? [Pierre-Adrien] Non. J’en ai d’autres. C’est trĂšs classique.Je pense que vous ĂȘtes bien placĂ©s pour avoir ce genre de retour. Mais c’est de faire les choses en plus de tout le reste. Je vous disais que les informateurs jeunesse, ils ont plein de missions.
Dont la mission de communication. Si celle-ci est pensĂ©e et rĂ©flĂ©chie aprĂšs tout, juste une valorisation d’une animation ou d’un Ă©vĂ©nement qu’on a fait avec une story ou un post, ça ne va pas le faire. Ăa ne va pas le faire en termes de qualitĂ© de contenu.
Ăa ne va pas le faire en termes de pertinence de contenu. Bien Ă©videmment que c’est une stratĂ©gie qui s’amorce avant. Une fois qu’on a dit ça, il y a quelques jours, j’ai formĂ© les nouveaux informateurs jeunesse des pays de la Loire Ă la communication.
Je vois bien que leur problĂ©matique, ce n’est pas forcĂ©ment la communication. Ce n’est pas leur premier problĂšme. Ăa passe en deuxiĂšme.
Ils ont des emplois du temps trĂšs chargĂ©s, surchargĂ©s. Parfois, ça passe Ă la trappe. Des fois, il vaut peut-ĂȘtre mieux que ça passe Ă la trappe.
Je me fais un peu l’avocat du diable.
[Bryan] On m’a dit de le faire. Je le ferai Ă la va-vite. On le rencontre trĂšs souvent aussi.C’est ce qu’on appelle mettre les rĂ©seaux sociaux en bout de chaĂźne. Il faut qu’on mette sur les rĂ©seaux. On a dĂ©jĂ tout ça Ă faire.
Si on a un peu de temps, on mettra des choses sur les rĂ©seaux sociaux. TrĂšs classique. C’est le truc Ă ne pas commettre.
Il faut l’intĂ©grer directement dans son plan de communication et avoir une ressource affectĂ©e Ă ce sujet-lĂ . Une ressource, ce n’est pas forcĂ©ment une personne. C’est juste peut-ĂȘtre 10-20% du temps qui est flĂ©chĂ© sur les rĂ©seaux sociaux.
Dit comme ça, ça parait trĂšs facile. Mais la rĂ©alitĂ©, c’est que souvent, les rĂ©seaux sociaux, ça arrive Ă la fin. Effectivement, il vaut mieux ne rien faire plutĂŽt que de le faire Ă la fin.
[Pierre-Adrien] Il y a des dispositifs qui existent au niveau national, notamment un, si vous me permettez de faire un peu la lumiĂšre dessus, qui s’appelle les promeneurs du net, qui est un dispositif qui est pilotĂ© au niveau national par la CNAF et au niveau dĂ©partemental par les CAF, qui choisissent un opĂ©rateur technique et nous, Infos Jeunes Pays de la Loire, on va coordonner les promeneurs du net, le rĂ©seau des promeneurs du net de Loire-Atlantique.Les promeneurs du net, c’est quoi ? C’est des professionnels de jeunesse, qui ne sont pas forcĂ©ment des informateurs de jeunesse. Ăa peut ĂȘtre des Ă©duquĂ©s, ça peut ĂȘtre un agent d’accueil dans une mission locale.
Bref, une sĂ©rie de mĂ©tiers, de gens qui sont au contact des jeunes au quotidien et qui ont pour objectif d’Ă©changer, de crĂ©er une sorte de relation Ă©ducative avec ces jeunes. Ces gens-lĂ , typiquement, ils sont dans la situation qu’on Ă©voquait avant, c’est-Ă -dire qu’ils voient bien la pertinence d’aller sur les rĂ©seaux sociaux et de valoriser ce qu’ils font, il n’y a pas de soucis lĂ -dessus. Mais c’est pensĂ© Ă la fin, c’est pensĂ© en bout de chaĂźne, comme tu as bien dit.
Les promeneurs du net, c’est un dispositif qui fait que, en l’intĂ©grant, les professionnels bloquent tant de temps de leur semaine sur une… Alors, on n’est pas sur de la communication pure, mais sur une prĂ©sence Ă©ducative en ligne. Ăa veut dire quoi ?
Ăa veut dire quand mĂȘme produire de l’information en direction des jeunes, diffuser de l’information en direction des jeunes, notamment sur les rĂ©seaux sociaux. Je dis notamment parce qu’il y en a qui partent sur des jeux vidĂ©o en ligne, il y en a qui partent sur d’autres supports. Ăa, c’est des dispositifs qui sont, je pense, extrĂȘmement intĂ©ressants pour les mĂ©tiers dans lesquels j’Ă©volue, dans lesquels on Ă©volue, puisque ça vient parfois lĂ©gitimer des pratiques dĂ©jĂ existantes, mais surtout les encadrer.
Les encadrer vis-Ă -vis des collĂšgues, les encadrer vis-Ă -vis des hiĂ©rarchies, de dire, Ă©coute, je suis sur les rĂ©seaux sociaux, mais je ne suis pas en train de trier des lentilles, je suis en train de travailler, et je vais y passer 30 minutes, 1 heure, 2 heures. Et ce dispositif-lĂ qu’on coordonne, ça veut dire qu’on forme aussi ces professionnels à ça, permet de cadrer cette situation. VoilĂ , c’Ă©tait juste une petite parenthĂšse sur les premiers ordinateurs.
Mais c’est flĂ©chĂ©, ça fait partie de la mission. Et ça fait partie de la mission, voilĂ . Parfois, ça lĂ©gitime des trucs dĂ©jĂ existants, mais souvent, ça impulse cette question de la communication et des rĂ©seaux sociaux au sein des projets de structure, au sein des Ă©quipes, en termes Ă la fois de rĂ©flexion et en termes d’organisation pure entre les membres de l’Ă©quipe.
C’est trĂšs intĂ©ressant. LĂ -dessus, attention, ça ne fait pas des professionnels, des communicants. C’est juste que ces professionnels qui ont des missions particuliĂšres vont les dĂ©matĂ©rialiser sur les rĂ©seaux sociaux.
VoilĂ . Typiquement, un informateur ou une informatrice jeunesse Ă Nantes, les personnes dont je parle depuis le dĂ©but de ce podcast, vont peut-ĂȘtre ĂȘtre fermer 2 heures l’accueil par semaine pour passer 2 heures sur les rĂ©seaux sociaux. Elles font le mĂȘme mĂ©tier, mais sur un territoire qui est diffĂ©rent.
[Bryan] On connaĂźt ça. Mais c’est… Ăa reste le nerf de la guerre, c’est d’avoir vraiment un temps qui est dĂ©diĂ©. [Pierre-Adrien] Du coup, une hiĂ©rarchie qui accepte que son salariĂ© passe 2 heures de sa semaine prĂšs aprĂšs. 2 heures Ă faner sur Facebook, c’est beau. 2 heures Ă faner sur Facebook ou plutĂŽt Ă danser sur TikTok. [Bryan] Ăa dĂ©pend des professionnels. [Pierre-Adrien] Quand je vois les missions locales, par exemple, qui sont de plus en plus sur TikTok et qui font des choses super sur TikTok, beaucoup sont dans ce dispositif premier ordinateur. Je pense que ce dispositif a permis de dĂ©gager du temps de rĂ©flexion, du temps de veille, du temps de formation et du temps de rĂ©alisation. Et moi, je trouve ça super. [Gwen] TrĂšs bien. Est-ce que tu as d’autres conseils Ă nous partager ? [Pierre-Adrien] Il y en a plein. Des conseils qu’on n’aurait pas forcĂ©ment en tĂȘte. Je pense que on a Ă©voquĂ© le cĂŽtĂ© collectif, le cĂŽtĂ© s’organiser, organiser sa veille en collectif.Je ne vais pas revenir lĂ -dessus. Le corollaire, c’est aussi analyser ce qu’on fait Ă un moment donnĂ©. On peut faire les mĂȘmes bĂȘtises pendant des annĂ©es.
Il n’y a pas de soucis si personne ne nous dit que ce n’est pas bien. C’est analyser, c’est regarder les stats, c’est faire ce qu’on a fait, ce que j’Ă©voquais tout Ă l’heure entre Snapchat et Instagram, voir ce sur quoi on pense qu’on va ĂȘtre un peu plus attendu et ce sur quoi on aura plus de facilitĂ© Ă partir. C’est analyser les statistiques, ces choses-lĂ .
AprĂšs, trĂšs classique, la question de la rĂ©gularitĂ© des contenus, de la maniĂšre dont on a alimentĂ© les contenus de maniĂšre rĂ©guliĂšre, ça c’est important. Je voulais rajouter peut-ĂȘtre quelques Ă©lĂ©ments vraiment sur les contenus en tant que tels. Nous, on a Ă cĆur d’essayer d’impliquer les jeunes dans la communication en direction des jeunes.
Ăa, c’est aussi un vaste chantier, ma foi. Mais on a tous dans nos structures un faux jeune. C’est un peu moins vrai Ă Dante parce qu’on est beaucoup plus institutionnels, comme image, mais des jeunes qui vont frĂ©quenter un peu plus assidĂ»ment nos structures.
Et on essaye de faire en sorte de les impliquer. Ăa veut dire quoi, par exemple ? Ăa veut dire, OK, t’as bĂ©nĂ©ficiĂ© de telle aide pour trouver ton logement ou de tel dispositif pour accĂ©der Ă un job Ă©tudiant.
Vas-y, tĂ©moigne. Face camĂ©ra, plan fixe, on essaye d’ĂȘtre dans les codes du moment pour que ça colle au story avec du texte dessus, etc. Des montages courts, avec les moyens du port.
On ne dit pas qu’on fait extrĂȘmement bien les choses, mais cette idĂ©e de communication de paire Ă paire, pour nous, avec le public qu’on a, elle est Ă mon avis fondamentale.
[Bryan] La communication de paire Ă paire, on peut presque la rapprocher de la communication UGC que nous utilisons beaucoup pour les clients. On voit bien, quand c’est un client qui parle d’un produit, ça a beaucoup plus d’impact que quand c’est la marque qui prĂ©sente son produit. Et du coup, on retrouve un peu cette notion d’impliquer finalement notre cible dans la communication. [Pierre-Adrien] C’est pas si… C’est pas tant qu’on l’a dit que c’est facile. [Bryan] LĂ aussi, ça paraĂźt hyper facile, comme on s’est dit. La mise en oeuvre, elle est beaucoup plus complexe, mais en tout cas, ça reste effectivement une pratique qui fonctionne trĂšs bien sur les rĂ©seaux. [Pierre-Adrien] C’est pour ça que moi j’incite aussi Ă des structures comme les nĂŽtres Ă nous rapprocher aussi, d’Ă©coles de communication, de structures un petit peu comme celle-ci, et c’est un peu le cas sur certains territoires. Parce qu’on aura des jeunes qui vont aussi maĂźtriser un petit peu les codes dĂ©jĂ des rĂ©seaux sociaux, les derniers codes, et puis aussi qui ont une rĂ©flexion sur la communication. Donc du coup, c’est pour nous un vivier, entre guillemets, intĂ©ressant, forcĂ©ment, pour impliquer les jeunes dans notre communication.Tu veux encore des conseils ? Moi j’en ai plein, mais… C’est toi qui vois, sinon…
Un dernier pour la route, c’est la question du ton qu’on Ă©voquait tout Ă l’heure. Le ton Ă employer, c’est pour nous un vrai casse-tĂȘte des fois, c’est un Ă©quilibre entre les codes du rĂ©seau social, qui est envisagĂ©, Ă©videmment, quelle que soit la cible, on ne parle pas de la mĂȘme maniĂšre sur TikTok et sur LinkedIn, sur ce qu’on est, la sincĂ©ritĂ© de ce qu’on est et l’honnĂȘtetĂ© de notre identitĂ©, et ça je pense que c’est un Ă©lĂ©ment clĂ© qui est important chez les jeunes et souvent sous-estimĂ©, et puis les usages de notre cible. La maniĂšre dont elle fonctionne, la maniĂšre dont elle s’exprime aussi, donc il y a une sorte d’Ă©quilibre Ă trouver et ça, moi je le rĂ©pĂšte souvent aux informateurs jeunesse, il ne faut pas avoir peur de se planter. Il ne faut pas avoir peur de se planter et de se prendre un ou deux murs comme ça pour rĂ©gler rapidement quand mĂȘme, mais rĂ©gler le ton et adopter le ton dans lequel vous ĂȘtes Ă l’aise, c’est important, et dans lequel va se retrouver bien Ă©videmment la cible jeunesse.
[Gwen] Ăa marche. Eh bien Ă©coute, je vais te demander maintenant je ne sais pas si tu as pu y rĂ©flĂ©chir, Ă une anecdote professionnelle que tu as vĂ©cue, qui illustre bien en fait l’importance du sujet du jour. [Pierre-Adrien] Oui, j’y ai pensĂ©, effectivement. Alors c’est un petit peu dĂ©calĂ©, parce que c’est une anecdote que je n’ai pas vĂ©cue dans le cadre de ma mission Info-jeune Pays de la Loire, mais plutĂŽt dans des missions un peu connexes, qui m’a fait comprendre l’importance aussi d’ĂȘtre prĂ©cis sur les rĂ©seaux sociaux et de ne pas prendre Ă la lĂ©gĂšre cette question de l’information sur les rĂ©seaux sociaux, mĂȘme si j’en Ă©tais dĂ©jĂ convaincu. Je vous plante un petit peu le dĂ©cor, classe de quatriĂšme dans un territoire, une commune rurale pas trĂšs loin d’ici, classe de quatriĂšme avec un atelier que je portais autour du journalisme.Comme je vous l’ai dit, j’ai eu une petite expĂ©rience sur la matiĂšre. Et on, inĂ©vitablement, dans la conversation, je ne sais plus dans quel type d’animation, on s’est mis Ă parler des attentats de Charlie Hebdo. On s’est mis Ă parler des attentats de Charlie Hebdo et en face de moi, j’avais trois jeunes, quatriĂšme, petit, pas trĂšs grand, qui Ă©taient persuadĂ©s que Charlie Hebdo Ă©tait l’auteur des attentats.
Parce qu’Ă force d’entendre les attentats de Charlie Hebdo, ils ont associĂ© ce truc-lĂ . Ăa veut dire quoi ? Ăa veut dire que ils ont une perception extrĂȘmement surfacique, trĂšs rapide de certains Ă©lĂ©ments.
Et d’autant plus quand ça sature l’espace mĂ©diatique. Moi, je suis convaincu de ça. Quand ça sature l’espace mĂ©diatique, je pense que les jeunes y passent assez rapidement, dessus, en fait.
Et puis bon, on est quand mĂȘme sur un truc trĂšs particulier. Mais, waouh, je me suis pris ça un peu en pleine tĂȘte. Je leur parlais, et moi-mĂȘme, j’employais le terme, l’expression les attentats de Charlie Hebdo, sans me rendre compte qu’en fait, j’Ă©tais en train de dire quelque chose qui n’Ă©tait pas juste.
Les attentats Ă Charlie Hebdo. Oui, bien Ă©videmment. C’est juste un mot.
Un mot. Deux lettres. Mais qui ont des consĂ©quences quand mĂȘme assez folles.
Quand ces gamins m’ont dit Charlie Hebdo, il a commis les attentats en 2015. Oula, oula. VoilĂ .
Petite anecdote qui est un peu dĂ©calĂ©e par rapport Ă ce dont on parle, mais quand mĂȘme, c’est la question de informer, c’est bien. Accompagner Ă la recherche d’informations, c’est encore mieux. Et moi, je suis persuadĂ© que l’Ă©ducation aux mĂ©dias et l’information, c’est un enjeu capital, capital pour nos sociĂ©tĂ©s aujourd’hui.
[Gwen] TrĂšs bien. TrĂšs bon exemple. Merci.Eh bien, est-ce que tu pourrais conclure l’Ă©pisode du jour avec une conclusion en trois mots ou en trois phrases Ă retenir ?
[Pierre-Adrien] En trois actes. ThĂšse, antithĂšse, synthĂšse. DĂ©jĂ , merci beaucoup de m’avoir invitĂ© dans ce podcast.C’Ă©tait un moment trĂšs sympathique. Trois mots. Trois mots.
Je vais enfoncer deux portes ouvertes. Adaptabilité, évidemment. On est sur une cible jeune, donc ça bouge trÚs, trÚs vite.
Mais ça bouge trĂšs vite, quelles que soient les cibles aussi, mais particuliĂšrement sur cette cible qui a plus d’agilitĂ© Ă partir sur d’autres territoires et sur d’autres rĂ©seaux. Ăa va trĂšs vite. Effectivement, il y a trois ans, TikTok, ok, on voyait le truc arriver, mais ça n’a rien Ă voir avec ce que c’est aujourd’hui.
La preuve, je crois que 100% des candidats aux prĂ©sidentielles Ă©taient sur TikTok, ont communiquĂ© sur TikTok. Alors, on pourrait parler de la qualitĂ© de cette communication-lĂ , c’est pas la question, mais si ils y sont, c’est quand mĂȘme que… Donc, adaptabilitĂ©, anticipation, trĂšs bĂȘte, organisation, anticipation.
Mais surtout, je pense que le troisiĂšme terme, je vais revenir sur cette question de web-citoyennetĂ© et, encore une fois, d’Ă©ducation mĂ©diatique Ă l’information, un jeune, et un adulte, c’est pareil, une personne plus ĂągĂ©e, c’est pareil, qui est en capacitĂ© de faire le tri de ces informations, qui est en capacitĂ© de discerner que l’information qui est envoyĂ©e sur Instagram par Info Jeune Pays de la Loire ou par un mĂ©dia d’information avec un travail derriĂšre, elle est quand mĂȘme beaucoup plus fiable que l’information qui est envoyĂ©e par Lulu44 ou autre, sur Twitter. C’est trĂšs schĂ©matique, ce que je vous dis, mais c’est un enjeu de sociĂ©tĂ© Ă©norme pour nos dĂ©mocraties, pour la sociĂ©tĂ©, et on est en train, des petites gouttes d’eau dans des ocĂ©ans, on est bien conscients de ça, mais on essaye en tout cas de construire la citoyennetĂ© de ces jeunes Ă travers cette question de l’information. C’est bien de terminer par ça.
Ouais, c’est ça. C’est une bonne conclusion. Merci.
[Gwen] Merci beaucoup Ă toi d’ĂȘtre venu. Merci beaucoup. Merci Ă toi aussi, Bryan, d’ĂȘtre toujours Ă mes cĂŽtĂ©s.Et puis, du coup, je te dis Ă bientĂŽt, peut-ĂȘtre ?
[Pierre-Adrien] Ă trĂšs bientĂŽt, et merci pour ce que vous faites. Merci pour tout. [Gwen] Bonne fin de journĂ©e, et Ă bientĂŽt pour un prochain Ă©pisode du Pod. Quelques mots avant de se quitter. Tout d’abord, vous pouvez retrouver cet Ă©pisode sur le blog de l’agence www.keepitsimple.fr, rubrique podcast, ou sur nos rĂ©seaux sociaux. Ensuite, n’hĂ©sitez pas Ă nous faire vos retours sur le Pod en nous Ă©crivant Ă l’adresse podcast.Ouest.digital. Nous serions ravis de savoir ce que vous aimez, ce que nous pourrions amĂ©liorer, les thĂ©matiques qui vous intĂ©ressent, ou les invitĂ©s que vous voudriez entendre. Merci beaucoup pour cet Ă©change. Je vous dis Ă trĂšs bientĂŽt pour un nouvel Ă©pisode du Pod.